Les attentats du 11 septembre 2001 :

Technologie, individualisme, capitalisme suicidaire**

par Christopher Pollmann*



« Dans la société que vous appelez civilisée, le bonheur des hommes

est sans cesse sacrifié à la splendeur de l’empire. »

Thayendanegea, membre de la tribu Mohawk, environ 1742 à 1807.


sommaire


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Cette contribution s’apparente à une épreuve pour moi et sera peut-être un défi pour les lecteurs. Je me trouve en effet pris entre deux feux, entre exigences et tentations contradictoires. D’un côté et depuis le 11 septembre 2001, je cherche à comprendre dans quelle mesure ces attentats et les réactions qu’ils ont provoquées relèvent de la même logique, à savoir de l’univers occidental industriel et individualisé. De l’autre, de plus en plus de sources d’informations indépendantes mais concordantes suggèrent que des factions au sein du gouvernement des Etats-Unis étaient au courant de l’agression à venir ou l’avaient même activement soutenue1, hypothèse défendue par un nombre croissant de chercheurs, de journalistes et d’hommes politiques2. Elle implique de vérifier par les faits la version officielle d’une conspiration d’O. ben Laden et d’Al-Qaida dans la préparation et l’exécution des attentats. Or, un tel examen objectif doit affronter la capacité d’autoimmunisation des théories conspiratrices qui s’avèrent ainsi apparentées à la démonologie développée lors de la chasse médiévale aux sorcières. Autrefois, tout doute émis contre la présence du diable attestait sa perfide capacité de dissimulation et le rendait encore plus dangereux. Aujourd’hui, toute réserve à l’encontre de l’idée d’une conspiration islamiste se voit elle-même, aussitôt, qualifiée d’obsession d’un complot d’Etat, voire de complicité avec les kidnappeurs.

C’est pourquoi il est à la fois important et fort tentant d’approfondir ces réserves et de se lancer dans une investigation criminalistique. Pourtant, je n’en ai guère les compétences requises. Ce qui est peut-être plus essentiel, c’est qu’une telle enquête, d’une portée politique majeure, a une valeur scientifique limitée. Elle nous renseigne probablement peu sur la construction imaginaire de l’Autre et des boucs émissaires, sur le fonctionnement de la société capitaliste et de ses individus, sur la haine qu’elle peut provoquer, sur les fondamentalismes islamistes, protestants, juifs et autres.

Cependant, mon ambition de fournir des explications sur certains de ces terrains est loin d’être aussi pure qu’elle ne paraît. C’est presque amusant : lorsque les indices mettant en doute la version officielle du 11 septembre se multipliaient devant moi, mon premier sentiment a été la peur que mon travail de recherche mené depuis cette date soit invalidé. J’avais une réaction de propriétaire vis-à-vis de mes “trouvailles” ! Or, un tel instinct possessif n’est guère favorable à la recherche et à la réflexion un tant soit peu désintéressées.

On peut donc avoir l’impression qu’une enquête criminalistique et une exploration criminologique, sociologique et philosophique soient antinomiques. Mais en définitive, cette crainte n’est pas justifiée. Même si des individus et des services américains savaient que l’attaque allait venir, voire la soutenaient, il n’en reste pas moins qu’une participation de réseaux islamistes semble probable. Et même si des islamistes n’étaient nullement mêlés à cette affaire, on peut aisément constater, ne serait-ce qu’en observant les réactions aux attentats dans le monde arabe, que certains individus et groupes sont psychologiquement et socialement disposés à commettre ce genre d’agressions. Quels que soient les faits, il y a donc suffisamment de matière méritant réflexion. A l’inverse, ce travail de recherche ne signifie aucune caution pour la version officielle. Il ne dévalorise pas non plus les efforts d’investigation criminalistique, mais les rend encore plus urgents en cette période de focalisation militaire et de bipolarisation entre le “bien” et le “mal”.

Précision terminologique

Je n’utilise pas le terme de “terrorisme” qui ne relève pas de l’analyse, mais de la propagande, voire d’une « demande d’élimination »3. En effet, les “terroristes” se situent toujours, dans une perspective particulièrement manichéenne, chez les ennemis les plus antagonistes possibles, et leur dénomination comme tels n’accepte pas la neutralité scientifique du chercheur.4 Plus largement, cette terminologie ressortit à la distinction entre l’ami et l’ennemi développée par le juriste nationalsocialiste Carl Schmitt et actualisée par George W. Bush (« avec nous ou contre nous »).5 On sait par ailleurs que les “terroristes” d’aujourd’hui ont été appelés « combattants de la liberté » dans le passé et leurs comportements les plus abjects ont pu passer inaperçus.6 Noam Chomsky estime que les Etats-Unis sont eux-mêmes “terroristes”.7 Mais la terreur de l’Etat n’est guère jamais appelée comme telle, sauf lors de l’ « équilibre de la terreur » pendant la guerre froide.

Supposant véridique la version officielle des attentats, mon ambition ici sera de montrer en quoi le capitalisme y manifeste une nouvelle menace, à côté des risques de guerre et des destructions écologiques, pour la survie de l’humanité, et fait donc preuve d’une tendance suicidaire. Dans un premier temps, les kidnappeurs s’avéreront des acteurs de la société capitaliste. En effet, loin d’appartenir à une civilisation archaïque, ils étaient animés par la même logique que celle de leur cible : Leur communautarisme religieux masquant des individus solitaires a provoqué une vague nationaliste dans le pays de l’individualisme, et leur haine a déclenché une envie de vengeance. De plus, leur opération est un sinistre exploit de technologie occidentale et leur perception instrumentale de la vie humaine ressemble à celle des bombardements de Belgrade et de Bagdad (I).

Les sociétés du passé n’avaient guère à se préoccuper du sort et du bonheur de leurs membres dont le potentiel de rétorsion restait fort limité. En revanche, la société mondialisée contemporaine, simultanément atomisée et hautement technicisée, ne pourra survivre qu’en procurant les conditions matérielles du bonheur à tous. Sinon, des massacres bien pires que ceux du 11 septembre sont à craindre, puisqu’ils sont déjà techniquement possibles, grâce à l’énergie nucléaire, aux armes chimiques et biologiques, voire aux manipulations génétiques (II). Cet appel sonne évidemment naïf parce que contraire à l’actuelle organisation capitaliste de la planète. Toutefois, l’une des raisons principales s’opposant au changement et donc à une transformation du capitalisme réside peut-être dans l’agressivité à la fois largement inconsciente et profondément ancrée en chacun de nous (III).



I. Raison instrumentale, fureur technique et solitude

A première vue, les kidnappeurs ne semblent pas appartenir à “nos” sociétés individualistes, puisqu’ils affirment suivre l’Islam et faire partie d’une communauté inspirée et soudée par cette foi.8 Cependant, ce que je considère décisif pour qualifier des êtres humains d’individualistes ou non sont leurs pratiques matérielles plutôt que des phénomènes immatériels tels que représentations et croyances. Ainsi, la société occidentale est individualiste pas tant en raison des divergences de foi et de philosophie de vie parmi les gens, mais parce que les hommes y sont coupés des liens quasi-organiques avec leur environnement naturel et humain, tels qu’ils pouvaient se manifester à travers la famille, le village ou la tribu. Dans les sociétés traditionnelles, ces liens quasi-organiques permettaient aux êtres humains – et les obligeaient en même temps – à partager activités et ressources de façon à ce que chacun soit pris en charge9. Dans notre société de plus en plus atomisée, les individus peuvent de moins en moins se fier à autrui10 ; chacun est au contraire censé organiser et “gagner” sa propre vie. De façon similaire, je ne me fie pas non plus aux discours islamistes et suppose leurs partisans non individualistes simplement parce qu’ils prétendent l’être et qu’ils opposent le monde occidental.

En outre, les kidnappeurs se servirent de plusieurs technologies modernes, en particulier d’avions remplis de combustible comme armes et de gratte-ciel en tant que cibles. En dehors des contextes d’obéissance hiérarchique, notamment militaire (actes de guerre et autres massacres), sans doute jamais quelques individus n’ont-ils pu tuer autant de personnes et provoquer autant de dégâts que le 11 septembre. Leur préparation des attaques – voyager, prendre des cours de pilotage, étudier les routes et le contrôle aériens ainsi que le système de sécurité dans les aéroports, notamment lors de l’embarquement, se coordonner entre eux – exigeait et révèle la détermination d’objectifs, la pensée stratégique, la planification à long terme, l’autodiscipline et d’autres aspects de ce que Max Horkheimer appelait « raison instrumentale » pour définir l’individu moderne.11

Le 11 septembre signifie une « privatisation de la terreur » que les gérants des monopoles d’Etat de la violence qualifient de concurrence déloyale.12 Mais qu’elle soit privée ou publique, il s’agit d’une « violence [...] qui travaille à mettre en place un monde affranchi de tout ordre naturel [...] » ; « le terrorisme [...], nous dit encore Jean Baudrillard, parachève l’orgie de puissance, de libération, de flux, de calcul, dont les tours jumelles étaient l’incarnation [...] »13. De ce point de vue, il n’est pas étonnant que certains, peut-être nombreux, étaient fascinés par la perfection technique et militaire avec laquelle ces attaques furent exécutées.14 De même, concernant les réactions aux attentats, « la réponse exclusivement répressive [...] est, le plus souvent, une réponse de brute et de médiocre, en profondeur fasciné par la violence qu’elle déclare combattre. »15

La raison instrumentale ne laisse pas beaucoup de place à la peur, la pitié, la rage ou la honte. Ou plus précisément, elle rationalise et refoule des sentiments comme la haine qui a pu motiver les agresseurs. Or, la théorie et la pratique psychanalytiques indiquent que la rationalisation et le refoulement des émotions et des sentiments constituent l’un des traits caractéristiques de la civilisation occidentale.16

L’essentiel du bagage intellectuel du djihad islamiste comme le mode de vie de ses guérilleros nous sont bien familiers.17 Rien ne distingue leur comportement de ce que font, dans le monde occidental, les commandants militaires, les agents de services secrets, les dirigeants politiques, les gestionnaires de grandes organisations ou les entraîneurs de football – à l’exception de leur foi. Toutefois, cette motivation religieuse ne modifie d’aucune manière le caractère individualiste et technologique de leurs actions. Leur foi n’est finalement rien d’autre qu’une forme particulière pour rechercher, exprimer et justifier du pouvoir, puisque proclamer sa foi en public implique le désir de voir autrui l’adopter (si ce n’est de le détruire comme ici).

Utilisant une analogie provisoire, on pourrait envisager certains courants du fondamentalisme islamiste comme une sorte de fascisme18, en termes d’objectifs, de moyens, de recrutement et de mentalité. Leurs objectifs semblent être, à l’instar des régimes fascistes, la modernisation industrielle de leur société, le contrôle et la domination des femmes et la suppression de la critique. Leurs moyens comprennent, comme dans le fascisme, un positionnement communautariste de surface visant à camoufler l’exploitation accrue des travailleurs et des femmes. Le recrutement des dirigeants s’appuie sur un sentiment profond d’humiliation – par les Alliés après la Ière guerre mondiale et par le monde occidental aujourd’hui – et consiste à attirer les fractions des élites frustrées par la politique traditionnelle19. Or, le fascisme n’est pas, à mes yeux, l’opposé mais la continuation et la modernisation du capitalisme et de l’individualisme sous des circonstances extrêmes. Le fascisme m’apparaît comme une révolte brutalisée mais superficielle des masses atomisées contre leur solitude existentielle.

Rappelant toujours la vie d’individus fascistes, je suppose, quant à leur mentalité, que les agresseurs devaient être des personnes profondément blessées dans leur passé et notamment l’enfance.20 En effet, personne ne me semble capable de commettre un meurtre de masse avec suicide, à moins d’être infiniment traumatisé, ayant alors besoin de destruction pour se venger contre la société.21 Il est vrai qu’à la différence des suicidés habituels, les agresseurs ne se voyaient probablement pas en échec ni désespérés. Peut-être vivaient-ils leur action au contraire en tant que témoignage de leur appartenance à une communauté, voire comme un triomphe. Cependant, ils n’étaient pas nécessairement conscients de leurs motivations profondes. J’émettrais l’hypothèse que ces suicides-là, même s’ils résultent d’une possible manipulation psychologique, relèvent eux aussi d’un désespoir total, quoique rationalisé comme sacrifice pour une grande cause et ainsi banni de la conscience.

Certains analystes ont effectivement estimé que les kidnappeurs s’étaient dévoués à une carrière spectaculaire de martyres pour le monde musulman et d’antihéros pour la société occidentale afin de compenser leurs échecs individuels sur le plan relationnel, émotionnel et sexuel.22 Je suggère qu’une telle vengeance n’est possible que dans une société individualiste (ou peut-être dans une société traditionnelle mais perturbée dans le sens de son atomisation). Dans une société communautaire, tribale par exemple, ou bien les êtres humains reçoivent suffisamment de gratification pour ne pas succomber à une dérive suicidaire. Ou bien, même psychologiquement blessés par autrui, ils restent si fortement insérés dans un étroit maillage de contrôle social que des actes de destruction majeure ne sont point imaginables. Cette hypothèse est confirmée par ce que le taux de suicide dans ces sociétés est faible.23

Sur un terrain d’analyse similaire, l’auteur de romans d’espionnage John Le Carré a dessiné un portrait excitant d’O. ben Laden : « un homme d’un narcissisme homoérotique », « il rayonne, à travers chaque geste d’autoadoration, la conscience d’un acteur de la caméra », déployant « sa vanité masculine à peine tenable, son appétit pour le drame de soi et sa passion secrète de se trouver sous les projecteurs ».24 Or, l’exaltation narcissique est peut-être une autre dimension de l’existence capitaliste : L’individu isolé aspire à la reconnaissance publique, positive ou même négative, afin de compenser la perte déjà relevée des liens quasi-organiques de solidarité quotidienne.25

C’est pour toutes ces raisons que les agresseurs font partie de nos sociétés occidentales, en ce sens qu’ils en sont les produits et qu’ils se comportent comme nous.26 O. ben Laden est effectivement le « double noir du président américain »27. D’où cette conclusion empruntée à Jean Baudrillard : « L’occident, en position de Dieu, de toute-puissance divine et de légitimité morale absolue, devient suicidaire et se déclare la guerre à lui-même. »28 Face à ce danger d’autodestruction, il importe que nous nous souciions du bien-être de tous, davantage que nous ne le faisons actuellement.



II. Atomisation, polarisation entre riches et pauvres, ambition de contrôle et le Dr Frankenstein

Dans le passé, pouvoir et richesses étaient souvent déjà inégalement répartis, quoique beaucoup moins qu’aujourd’hui comme nous allons le voir. Les élites pouvaient exploiter, torturer et humilier les pauvres et les faibles sans difficulté ni crainte. Ils pouvaient même affamer des populations entières, le plus souvent sans devoir redouter des répercussions sur leur propre vie. De temps en temps, les masses pauvres se rebellaient et se débarrassaient même, en de rares occasions, des classes régnantes. Toutefois, il n’y avait jamais de risque, que je sache, qu’une révolte-suicide n’élimine une société toute entière.

Je vois deux raisons à cela. D’une part, le potentiel de destruction restait limité. Des épidémies telles que la peste et le choléra étaient les plus grands dangers qu’affrontaient ces sociétés. Cependant, l’insuffisance des connaissances médicales faisait que ces maladies ne pouvaient pas être utilisées comme des armes. De l’autre, les êtres humains étaient sous un étroit contrôle social. Chacun était tenu dans un cadre généralement religieux, réglementant la pensée et les comportements et retransmis à travers la socialisation. Du coup, même des suicides individuels étaient rares.

Dans la société capitaliste contemporaine, ces deux limites ont largement disparu. Sur le plan technique, le potentiel de destruction a été démultiplié dans de nombreux secteurs et avec des moyens fort variés. À titre d’exemple, on peut évoquer l’origine du S.I.D.A. : même si les allégations du Pr Jacob Segal comme quoi le virus se serait accidentellement échappé du laboratoire militaire de Fort Detrick/Maryland29 semblent avoir été refutées, elles illustrent la crainte que les technologies génétique, nucléaire et autres puissent servir d’armes de destruction généralisée.

Quant au contrôle social, tous les pays et toutes les communautés du monde se sont plus ou moins désintégrés sous l’emprise du capitalisme.30 Cette atomisation va de pair avec l’individualisme qui sonne souvent attirant, notamment aux Etats-Unis. Si les aspects positifs de la liberté personnelle ainsi gagnée ne peuvent être niés, le revers de la médaille c’est, entre autres, un contrôle social affaibli31. Alors qu’en fait, ils sont de plus en plus interdépendants, les êtres humains sont élevés de nos jours comme s’ils ne l’étaient pas et sont orientés vers une culture d’autonomie et d’épanouissement individuels. En cas d’insatisfaction32, nombre d’individus peuvent alors devenir menaçants.

Les risques se sont accrus aussi en raison de l’augmentation de la population mondiale et à cause de l’urbanisation (jusqu’à 35 millions d’habitants, en l’occurrence dans l’agglomération de Tokyo). La dimension quantitative est également illustrée par le World Trade Center avec ses tours jumelles qui pouvait contenir plus de 100.000 personnes au même moment, ce qui est probablement la plus grande concentration d’individus jamais atteinte dans un seul bâtiment.

Au niveau purement économique, le développement des pays industrialisés, surtout après la IIème guerre mondiale, a pu créer l’impression que les disparités entre riches et pauvres se seraient réduites. Même si en Europe et en Amérique du Nord, les pauvres vont sans doute mieux actuellement qu’il y a un siècle ou deux, l’écart entre riches et pauvres n’a jamais été aussi béant qu’aujourd’hui : aux Etats-Unis, les 400 individus les plus riches possèdent l’équivalent de ce qu’a la moitié pauvre de toute la population, c’est-à-dire environ 140 millions de personnes !33 Les analyses de Friedrich Engels sur la misère en Angleterre34 apparaissent désormais presque risibles à l’échelle internationale. Jamais la proportion de personnes menacées de dangers à leur vie n’a été aussi élevée35, en dépit d’améliorations au milieu du XXème siècle et plus récemment, surtout en Chine, en Inde et dans plusieurs pays d’Amérique latine. Dans la longue durée, la situation des pauvres s’est détériorée en termes aussi bien relatifs qu’absolus : Jusqu’au milieu du XIXème siècle, le niveau de vie en Inde et dans d’autres parties de ce qui s’appellera plus tard le « Tiers Monde » était similaire, sinon supérieur à celui de l’Angleterre, avant que la colonisation intensifiée n’appauvrisse le premier et n’enrichisse la seconde.36

Il est vrai que les kidnappeurs présumés et des individus extrêmement riches comme O. ben Laden ne viv(ai)ent nullement dans le dénuement. Leur cas montre que l’humiliation culturelle et religieuse peut être pour les élites ce que la misère signifie pour les pauvres.37 Or, depuis l’expulsion des musulmans et des juifs de l’Espagne, sinon depuis les croisades, l’Europe et plus tard l’Amérique du Nord ont non seulement commencé à exploiter progressivement le reste du monde, mais l’ont également regardé avec mépris. Elles se sont notamment considérées comme “civilisées” et donc plus nobles, alors qu’elles ont été le théâtre ou les instigateurs des atrocités probablement les plus affreuses jamais commises. De plus, cette dimension policée des sociétés occidentales s’évanouit à la première occasion. A cet égard, on peut méditer la chasse à la rétribution offerte par le gouvernement américain pour l’assassinat des dirigeants d’Al-Qaida : un mercenaire avait envoyé une tête humaine au Pentagone pour réclamer une rançon de 25 millions de dollars pour la mort d’Ayman Al-Zawahiri, membre présumé du premier cercle d’Al-Qaida, et le ministère de la défense américain l’a effectivement examinée, pour conclure que ce n’était pas la bonne38. C’est précisément dans la « guerre contre le terrorisme » que les Etats occidentaux abandonnent ce qui est censé les en distinguer, à savoir le respect du droit.39

Depuis une bonne trentaine d’années, ce dédain pour l’Autre a été revitalisé contre l’Islam. Cette tendance cherche à se justifier par les mouvements fondamentalistes dans cette religion, nonobstant le fait que pendant plus d’un millénaire, les régions islamiques étaient incomparablement plus tolérants que les pays catholiques, orthodoxes et protestants, aussi bien envers d’autres religions – l’antisémitisme y était bien moins implanté qu’en Europe – que vis-à-vis des femmes qui n’y ont jamais subi de “fémicide”40. Même au cours de ces dernières décennies, il y avait probablement, dans les pays musulmans, autant de femmes et plus d’hommes de foi ou de “race” différentes parmi les dirigeants politiques que dans les pays chrétiens où, à l’inverse, une étoffe dénommée foulard islamique pouvait déchaîner un puissant sentiment de persécution...41

Par ailleurs, le monde occidental est habitué à compter les victimes de façon à dénigrer celles qui meurent dans le Tiers Monde : Les 3000 morts du 11 septembre pèsent infiniment plus que les 500.000 enfants tué en Irak entre 1991 et 1996 du fait de l’embargo ; Madeleine Albright qui en est co-responsable en tant qu’ancienne secrétaire d’Etat des USA jugeait leur mort acceptable.42

Toutefois, pour assurer le bien-être de tous, il ne suffit sans doute pas, sur un plan purement interne, de démanteler les grosses fortunes et de restreindre l’ampleur de la concurrence. Encore faudrait-il changer de comportement en matière de relations internationales et, dans un premier temps, apprendre à respecter l’Autre. Or, le gouvernement des Etats-Unis semble manquer ce respect de façon récurrente, probablement parce qu’il est tellement plus puissant que tous les autres. A la manière d’un Dr Frankenstein, sa politique internationale se caractérise par la fabrication de démons et de situations se prêtant ensuite comme cibles d’une intervention militaire.

Ainsi, le président Franklin D. Roosevelt connaissait la date de l’attaque japonaise à Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, trois semaines avant ; l’assaut fut d’ailleurs provoqué par le déplacement de la flotte américaine pacifique de Californie vers Hawaii, parce que le gouvernement avait besoin, face à une population fortement pacifiste, d’un prétexte pour entrer en guerre.43 En 1950, le président Harry S. Truman incita l’armée nord-coréenne à envahir la Corée du Sud ce qui justifiait la guerre contre la Corée du Nord.44 De même, le 2 août 1964, les incidents du golfe de Tonkin furent provoqués par les manœuvres du navire de guerre espion USS-Maddox au large des côtes du Vietnam du Nord, permettant de déclencher la guerre du Vietnam.45 En 1979, l’Union soviétique fut attirée dans le piège de l’Afghanistan46 et l’Irak a été invité à envahir le Koweït en 199047 ; à la fin de la guerre contre l’Irak en 1991, Saddam Hussein a été laissé en place pour justifier la surveillance permanente de son pays par les Etats-Unis. Les attentats du 11 septembre permettaient de justifier la guerre contre l’Afghanistan qui avait en fait été préparée dès le mois de juillet 2001, pour y construire un oléoduc.48

Les relations avec l’Allemagne sont particulièrement significatives. Après que des cercles dirigeants – dont d’ailleurs Prescott Bush, le grand-père de l’actuel président – avaient financé l’accession de Hitler au pouvoir49, le choix pour qui – l’Allemagne nazie ou l’Union soviétique – prendre parti, lors de la IIème guerre mondiale, fut laborieux. Harry Truman, à l’époque sénateur du Missouri, estimait au Sénat, le lendemain de l’attaque nazie contre l’URSS, qu’il fallait soutenir celui des deux pays qui risquait de perdre, afin de maximiser les morts.50 Même après l’entrée en guerre contre l’Allemagne, des voix puissantes préconisaient une alliance militaire avec l’Allemagne contre l’Union soviétique51. La philosophie américaine en matière de relations internationales semble s’inspirer de Hegel : favoriser un “chaos constructif” comportant aussi bien la thèse que l’antithèse et s’imposer alors comme maître en apportant la synthèse.52 La politique américaine d’aujourd’hui est d’ailleurs également discutable en ce qu’elle favorise le retour d’ambitions impériales dans le pays où je suis né, l’Allemagne. Ainsi, Zbigniew Brzezinski, l’un des hommes les plus puissants de la planète, estime qu’il faudrait lui permettre d’étendre son influence vers l’Est, car une telle expansion ferait grandir l’emprise des Etats-Unis.53

Si le soutien passé du gouvernement américain aux diverses dictatures et féodalités, notamment dans ce que l’on appelait le Tiers Monde, est bien connu, il importe d’en déceler la raison profonde. Dans le cadre d’un système démocratique s’y imposeraient les intérêts à long terme des élites nationales, permettant alors le développement économique et une plus grande autonomie vis-à-vis des pays industrialisés. Par contre, les régimes plus ou moins oligarchiques favorisent les intérêts d’enrichissement à court terme et maintiennent ainsi nombre de ces pays sous la coupe des États-Unis et du monde occidental.54

* * *

Ci-dessus, j’ai relevé le contrôle social décroissant. C’est une observation ambivalente, sinon dangereuse. Elle pourrait conforter « les stratégies sécuritaires [qui] ne sont que le prolongement de la terreur. Et c’est la véritable victoire du terrorisme que d’avoir plongé tout l’Occident dans l’obsession sécuritaire [...] »55. Sécurité et contrôle sont des traits marquants de la civilisation occidentale.56 Comme les individus, poussés par l’atomisation croissante des sociétés, cherchent à maîtriser leur vie, donc leurs activités, leurs relations et leurs satisfactions, les Etats visent à tout contrôler. Ces ambitions découlent probablement de ce que la société occidentale se voit de plus en plus soumise à la logique capitaliste de changements incessants et universels. « Le système lui-même [...] fait régner désormais un principe général d’incertitude que le terrorisme ne fait que traduire en insécurité totale. »57

En même temps, le besoin de tout contrôler semble lié au pouvoir et à la richesse : Le contrôle devient nécessaire lorsqu’on est privilégié, et « le dénigrement d’autrui est indispensable pour soutenir l’assurance qui rend possible l’exercice effectif d’un pouvoir mondial ».58 A l’échelle nationale, la plupart des gouvernements se servent de la lutte contre le “terrorisme” pour davantage contrôler leurs populations respectives. La compétition et la guerre ne sont pas seulement la confrontation d’un ennemi, mais constituent et disciplinent aussi “son propre camp”, ce qui permet aux élites d’accroître leur pouvoir et leurs richesses.59

Le contrôle peut supprimer ou en tout cas diminuer les risques ordinaires. Ainsi, le contrôle des passagers aériens empêche les criminels moyens d’embarquer. Les compétences d’ingénierie de construction étaient censées protéger les tours jumelles contre toute destruction concevable. Cependant, le 11 septembre a démontré que le contrôle ne permet pas d’éliminer les risques extraordinaires. Au contraire, ces risques sont probablement augmentés du fait d’un faux sentiment de sécurité et par la stimulation de l’ingéniosité criminelle.

Quand après le 11 septembre, on a renforcé les mesures de surveillance, cela indique que l’on n’a guère compris ces limites du contrôle. Mais un tel renforcement vise peut-être moins à augmenter la sécurité objective et plus à procurer un sentiment de sécurité ce qui permet d’éviter les questions gênantes. Ce fondement psychologique de la surveillance technique et sociale est partagé par les pratiques répressives et punitives qui ont été fort attirantes ces dernières décennies.



III. L’esprit de vengeance contre le change­ment

Soyons réalistes ! Etudions donc les raisons sociopsychologiques qui rendent difficiles autant la limitation des risques que le changement social.

Le 12 novembre 2000 vers 22 h 30, je rentrai chez moi d’une réunion. 36 heures plus tard, je me réveillai dans un lit d’hôpital. Un ou plusieurs individus m’avaient frappé sur la tête, provoquant une commotion cérébrale. Cela s’est passé à Tbilisi, la capitale de la Géorgie, au Sud de la Russie, où je séjournais pour une mission d’enseignement. En me réveillant, je n’avais – et je n’ai encore aujourd’hui – aucun souvenir de cette agression. C’est peut-être pourquoi je n’ai éprouvé ni peur ni rage contre les agresseurs. De telles émotions m’auraient probablement empêché de comprendre que cette attaque contre moi, la première d’une longue série d’agressions contre les étrangers principalement occidentaux en Géorgie60, fut le résultat de l’appauvrissement et de la décomposition morale d’un pays saigné par l’adoption du système capitaliste en 1991. Même les sources officielles montrent que 5% seulement de la population ont bénéficié des changements intervenus depuis.61

Cette expérience personnelle pourrait aider à mieux comprendre les réactions américaines et mondiales aux attentats. A partir du 11 septembre 2001, l’explosion de haine et de béton a provoqué des émotions comme la peur et la fureur, nourrissant un besoin de vengeance. La vengeance répond à un besoin élémentaire d’“abréaction” : Attaqués, les individus comme la société éprouvent la pression de décharger leur agressivité.62 Certes, l’abréaction n’est pas nécessairement dirigée contre l’agresseur. Symbolique, elle peut aussi consister à taper sur un coussin. Mais le gouvernement des Etats-Unis s’est bien gardé de proposer cette alternative psychothérapeutique à ses citoyens. Le besoin d’abréaction lui a permis, comme diraient les psychanalystes, de passer à l’acte, de taper pour du vrai et d’éviter ainsi toute remise en cause et tout changement de politique.

L’évacuation des responsabilités grâce à l’autovictimisation est un mécanisme courant chez les puissants.63 Les individus dominateurs ont tendance à s’en prendre à leurs agresseurs dépravés sous prétexte du caractère ouvertement violent des attaques, plus spectaculaires que leur propre domination quotidienne et régulière. De la même façon, les Etats-Unis se sont posé en victime et en représentant du juste et du bien. Les distinctions morales entre le bien et le mal font partie de la pensée dichotomique et manichéenne caractéristique des sociétés occidentales. Elles servent à nous donner bonne conscience pour dissimuler à nos propres yeux le pouvoir que nous exerçons sur autrui. 64 Ces mécanismes sont puissants : même l’investigation criminalistique que j’ai appelée de mes vœux puise son attrait dans l’ambition de dénicher “le grand méchant”, en l’occurrence le gouvernement américain !

Pour mesurer davantage le rôle de la vengeance en politique, tournons-nous un moment vers la punition du crime. Depuis au plus tard le début du XXème siècle, des criminologues et d’autres chercheurs en sciences sociales savent qu’en dehors de certains cas de figure particuliers, la punition de “criminels” n’empêche point le crime, entre autres parce que celui-ci « est un facteur de la santé publique, une partie intégrante de toute société saine. »65 Au contraire, elle renforce les inclinations vers la déviance.66 Dans les années 1960 et 70, on a montré que ce soutien répressif au crime est dû à la stigmatisation des individus punis, les poussant dans une carrière criminelle.67

En dépit de ces découvertes, le traitement répressif du crime, au lieu d’être abandonné, a été renforcé, ces dernières décennies, à travers le monde, en réponse à une augmentation réelle ou alléguée de la criminalité. Aux Etats-Unis en particulier, le nombre des prisonniers s’est fortement accru depuis une quarantaine d’années, pour atteindre plus de 2,2 millions aujourd’hui ; c’est proportionnellement à la population six fois et demi plus élevé qu’en France et douze fois et demi plus qu’au Japon.68 Pourtant, l’objectif proclamé d’augmenter la sécurité face au crime n’a pas été atteint, au contraire. De manière similaire, la « guerre contre les drogues » illicites n’en a pas diminué mais stimulé la consommation et la production.

C’est pourquoi nous devons envisager l’hypothèse que les politiques répressives ne poursuivent pas les objectifs proclamés, mais possèdent une « fonction sociopsychologique qui n’a plus rien à voir avec le crime et sa prévention »69. Notre besoin de sécurité auquel répondent répression et punition pourrait receler deux préoccupations plus profondes.

Premièrement, ce n’est pas tant la sécurité matérielle et objective à laquelle nous aspirons mais un sentiment de sécurité nous rassurant quant à notre appartenance à une communauté, nationale ou autre. D’une part, on a en effet démontré que le but principal de l’approche répressive consiste à promouvoir l’identité collective, car l’ « un des moyens les plus sûrs pour confirmer une identité, pour les communautés comme pour les individus, c’est de trouver une manière de mesurer ce que l’on n’est pas »70. A côté de cette technique de démarcation, il y a, d’autre part, une voie “positive” pour s’assurer de son inclusion dans un groupe, à savoir s’identifier avec ses dirigeants. La justice pénale nous pousse à nous identifier avec l’Etat comme substitut du père.71

Ces mécanismes sont confirmés, aux Etats-Unis, par les réactions nationalistes aux attentats. Si ces derniers ont été organisés et perçus comme dirigés contre les USA en tant que tel, l’une des raisons causales était l’existence des Etats-Unis comme collectivité puissante et unie. A contrario, une attaque contre la Tour Eiffel, la Scala de Milan ou le Tower Bridge de Londres ne serait pas effectuée ni vécue comme une agression contre l’Europe ; l’Europe ne paraît pas suffisamment forte et homogène. Par conséquent, le comportement nationaliste que l’on a pu remarquer aux Etats-Unis après le 11 septembre, en unifiant et en renforçant encore davantage le pays, augmente le risque d’agressions futures et s’avère ainsi contreproductif pour la recherche de la sécurité. En revanche, il est tout à fait fonctionnel pour le sentiment d’appartenance à la communauté nationale72, parfaitement illustré par le slogan « United we stand » (Debout tous unis).

De façon similaire, une majorité de la population d’Israël semble préférer une autodestruction agressive et héroïque à la sécurité calme et négociée.73 Il est d’ailleurs rare que les victimes réussissent à dépasser leur rage immédiate contre un agresseur direct pour s’adresser aux instigateurs en arrière-plan, à l’instar de Nurit Peled-Elhanan qui a tenu le premier ministre israélien Netanyahu responsable de la mort de sa fille Smadar, tuée lors d’une attaque-suicide en 199774.

Deuxièmement, il y a peut-être une agressivité souterraine en chacun de nous, en raison de notre soumission forcée aux changements omniprésents et aux impératifs de mobilité, de performance et d’efficacité. Cette agressivité demande à sortir, que ce soit sous forme de mesures de police et de justice pénale qui sont « l’expression [rationalisée] d’un besoin inconscient de vengeance ”75, ou sous forme de guerre qui relève de représailles ouvertes.

Ces quelques réflexions m’amènent aux résultats suivants :

* * *

Pour conclure, on peut constater qu’à l’opposé d’une des phrases médiatiques les plus courantes, rien n’a vraiment changé depuis le 11 septembre83, si ce n’est que les tendances pathologiques contemporaines se sont encore renforcées84. Même si les attentats ont été fabriqués de toute pièce, « ce serait quand même bien le signe [...] d’une violence interne autodestructrice, de la prédisposition obscure d’une société à concourir à sa perte [...] »85. Cette violence se dirige aussi bien contre la nature que contre les individus et les sociétés dominés : « Ne dirait-on pas, à voir ce qui se passe dans le monde, que l’Européen est aux hommes des autres races ce que l’homme lui-même est aux animaux ? Il les fait servir à son usage, et quand il ne peut les plier, il les détruit »86.





Christopher Pollmann



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*Professeur des universités, agrégé de droit public, Université de Lorraine, “Emile Noël Fellow” à la Harvard Law School (2001-02).



** De premières versions de ces réflexions ont été présentées, en anglais, lors de plusieurs conférences aux États-Unis en 2002, et publiées dans Asia University Law Review, vol. 39, janv. 2005, n° 2, p. 166 à 140. Leur coloration parfois “rebelle” a été conservée ici. Sauf indication contraire, les traductions sont de notre fait et l'italique vient des auteurs cités ; les sites Internet ont été visités le 14 fév. 2012.



1Pour un résumé de juin 2007, cf. C. Pollmann, “Une contre-révolution planétaire. Attentats du 11 septembre 2001 : conspiration islamiste ou nouveau Pearl Harbor ?”, Centre de recherche sur la mondialisation : www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=5957. V. aussi l’un des meilleurs chercheurs en la matière, David Ray Griffin, Un autre regard sur le 11 Septembre, 10 ans après. Le Nouveau Pearl Harbor, 2ème éd. Demi-Lune 2011, ainsi que le professeur canadien Michel Chossudovsky, Guerres et mondialisation. La vérité derrière le 11 septembre, Le Serpent à plumes, 1ère éd. 2002 (2ème éd. revue en anglais : America's « War on Terrorism », Centre for Research on Globalization : Montréal 2009), l’un des chapitres centraux étant résumé ici http://globalresearch.ca/articles/CHO205A.html.

2Parmi ces derniers, l’ancien ministre allemand Andreas von Bülow, Die CIA und der 11. September. Internationaler Terror und die Rolle der Geheimdienste, Piper : 2ème éd. München 2011, ainsi que l’ancien ministre britannique Michael Meacher, “This war on terrorism is bogus”, The Guardian, 6 sept. 2003, www.guardian.co.uk/print/0,3858,4747953-103677,00.htm. V. plus largement le site www.patriotsquestion911.com/.

3Ileana M. Porras, “On Terrorism. Reflections on Violence and the Outlaw”, in Dan Danielsen & Karen Engle (dir.), After Identity. A Rader in Law and Culture, Routledge : London/New York 1995, p. 294 à 313 (297).

4Ibidem, respectivement p. 302 et 298.

5La bipolarisation du monde est élaborée par Carl Schmitt dans La notion de politique [1927], Calmann-Lévy 1972.

6Lire Tariq Ali, “Au nom du « choc des civilisations »”, Le Monde diplomatique, oct. 2001, p. 18 à 19

7N. Chomsky, “Terrorisme, l’arme des puissants”, Le Monde diplomatique, déc. 2001, p. 10 à 11.

8Pour une réflexion comparative sur les efforts de définir une religion pure, voir Julie Ingersoll, Religion and Violence, conférence à l’Université de la Floride du Nord du 25 oct. 2001.

9Louis Dumont, Essai sur l’individualisme : une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne, éd. revue, Seuil 1983, passim.

10Cf. Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, Dialektik der Aufklärung. Philosophische Fragmente, S. Fischer : Frankfurt/M. 1969, p. 94 (La dialectique de la raison. Fragments philosophiques, d’après la 2ème éd. allemande, Gallimard 1994).

11Max Horkheimer, Éclipse de la raison [1947], suivi de Raison et conservation de soi, Payot 1974.

12Lewis H. Lapham, “Spoils of war”, Harper’s Magazine, mars 2002, p. 9.

13J. Baudrillard, Power Inferno, Galilée 2002, respectivement p. 72 et 37.

14Par exemple le compositeur Karlheinz Stockhausen qui a déclaré, le 16 sept. à Hambourg, que les attentats étaient « le plus grand œuvre d’art de Lucifer », selon Suzanne Stephens, www.stockhausen.org/eyewitness.html.

15Gérard Soulier, “Comment combattre le terrorisme ?”, Manière de voir – Le Monde diplomatique n° 60, nov. 2001, p. 38 à 42 (42)

16Norbert Elias, Über den Prozeß der Zivilisation, 2ème éd., Francke : Bern 1969, passim (La civilisation des mœurs, Calmann-Lévy 1994, et La dynamique de l’occident, Calmann-Lévy 1991). V. également Sigmund Freud, par exemple “Selbstdarstellung” [1925], in Gesammelte Werke, vol. XIV, Fischer : Frankfurt/M. 1999, p. 54 et s. (Ma vie et la psychanalyse, suivi de Psychanalyse et médecine, Gallimard 1968), puis C. Pollmann, “L'étendue de l'inconscient individuel, facteur de conflit collectif. Pour un matérialisme psychologique”, in M.-Cl. Caloz-Tschopp (dir.), Colère, courage et création politique (7 vol.), vol. 3 : La colère, une passion politique ?, L’Harmattan 2011, p. 61 à 80.

17Jonathan Raban, “My Holy War. What do a vicar’s son and a suicide bomber have in common ?”, The New Yorker, 4 fév. 2002, www.newyorker.com/archive/2002/02/04/020204fa_FACT.

18See Bill Vann, “What is bin Ladenism ? Al Qaeda leader’s letter to Americans”, www.wsws.org/articles/2002/nov2002/lade-n29.shtml. Sur le racisme et l’antisémitisme d’Al Qaida v. Pierre Conesa, “Al-Qaida, une secte millénariste”, Le Monde diplomatique, janv. 2002, p. 8 à 9.

19C’est le cas de plusieurs, sinon de la majorité des (anciens) dirigeants du Front National que j’ai pu interviewer en 1991. Pour un processus similaire dans les pays arabes, cf. Steven C. Clemons, Etats-Unis, excès de puissance”, Le Monde diplomatique, oct. 2001, p. 1 et 18 à 19 ; Thomas L. Friedman, New York Times, 27 janv. 2002. Sur un plan plus théorique, v. Xiaoxia Gong, “War among the Privileged Classes”, Harvard Asia Pacific Review, printemps 2002, p. 51 à 52.

20John Berger, “Sept niveaux de désespoir”, Manière de voir – Le Monde diplomatique n° 60, nov. 2001, p. 82.

21Ibidem ; Alice Miller, C’est pour ton bien. Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant, Aubier 1984, passim.

22J. Raban, supra note Error: Reference source not found ; sur la vie passée de Zacarias Moussaoui qui devait participer au détournement d’un des avions mais fut arrêté avant, v. son frère Abd Samad Moussaoui & Florence Bouquillat, Zacarias Moussaoui, mon frère, Denoël 2002 ; v. aussi supra note Error: Reference source not found. Pour l’humiliation comme cause de violence ethnique, religieuse et autre, cf. Amin Maalouf, Les identités meutrières, Librairie générale française 2001.

23Cette hypothèse d’Emile Durkheim, Le suicide : étude de sociologie [1897], P.U.F. 1981, a été confirmée depuis : David Lester, Patterns of Suicide and Homicide in the World, Nova Science Publishers : New York 1996, p. 59-61, 67-69, 127-133, 158 (cependant, il indique également que la désintégration des sociétés fait diminuer le nombre d’homicides) ; Norman L. Farberow, Cultural History of Suicide, in idem (dir.), Suicide in different Cultures, Univ. Park Press : Baltimore et al. 1975, p. 1 à 15 (11).

24John Le Carré, “The War that Came in from Cold”, The Weekend Australian, 20 oct. 2001, p. 17. Dans le même sens, concernant les talibans, v. John L. Anderson, “After the Revolution”, The New Yorker, 28 janv. 2002, p. 62 à 69 (65 avec des photos p. 62 à 63).

25Cette compensation pourrait prolonger la contraction des plaisirs quotidiens vers les seules satisfactions sexuelles, relevée par Herbert Marcuse, One-Dimensional Man. Studies in the Ideology of Advanced Industrial Society, Beacon Press : Boston 1964, p. 72 et s. (L'Homme unidimensionnel : essai sur l'idéologie de la société industrielle avancée, Seuil 1970).

26Cf., dans une optique plus large, I. Porras, supra note p. 295.

27Arundhati Roy, “The Algebra of Inifinite Justice”, The Guardian, Sept. 29, 2001, www.guardian.co.uk/saturday_review/story/0,3605,559756,00.html.

28J. Baudrillard, supra note p. 6 ; v. aussi p. 32 et s., 71.

29V. Jakob Segal, Lilli & Manuel Kiper, AIDS – die Spur führt ins Pentagon. Biokrieg, Blickpunkt Verlag neuer Weg : Essen 1990 ; Kuno Kruse (dir.), AIDS – Erreger aus dem Genlabor ? Die Diskussion der rätselhaften Krankheit, die die Welt bedroht, Simon & Leutner : 2ème éd. Berlin-Ouest 1987.

30Sur l’individualisation, v. C Pollmann, “Accumulation, accélération et individualisme juridique. Droit, société et politique dans l’emballement du monde”, Mélanges Michel Miaille : Le droit figure du politique, Univ. de Montpellier I, 2008, vol. I, p. 369 à 442 (392 à 415), http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/60/63/82/PDF/Pollmann_Emballement.pdf.

31Cf. “The Super Empowered Individual”, 29 oct. 2006 et 14 août 2007, sur le blog http://zenpundit.com/?m=200610 et http://zenpundit.com/?cat=282&paged=4 ; Götz Eisenberg, “Alles mitreißen in den Untergang : Jugendgewalt, Vandalismus, Amok. Gibt es einen Zusammenhang zwischen dem ungebremsten Markt und der Zunahme von extremer Gewalt?”, Freitag n° 21/2007, 25 mai 2007, p. 4, www.freitag.de/pdf-archiv/Freitag-2007-21.pdf.

On peut cependant nuancer en signalant que le niveau de violence individuelle et collective a fortement décru au fil des siècles, le contrôle social ayant été, en partie tout au moins, intériorisé : Steven Pinker, The Better Angels of our Nature : Why Violence has Declined (832 p.), Viking : New York 2011.

32V. sur le plan économique William Davies, “The Political Economy of Unhappiness”, New Left Review n° 71, sept. 2011, p. 65 à 80 (68) : « Unhappiness has become the critical negative externality of con­temporary capitalism. »

33Citant Jeremy Grantham, cf. Sophia Grene, “GMO chief backs Occupy movement”, Financial Times, 5 fév. 2012.

34Friedrich Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre : d'après les observations de l'auteur et des sources authentiques [1845], Ed. Sociales 1975.

35A l’exception peut-être des famines de la deuxième moitié du XIXème siècle, elles aussi dues, cependant, à l’extension du libre-échange, cf. Mike Davis, Génocides tropicaux, catastrophes et famines coloniales (1870-1900) – Aux origines du sous-développement, La Découverte 2003.

36V. à cet égard Kenneth Pomeranz, The Great Divergence : China, Europe and the Making of the Modern World-Economy, Princeton Univ. Press, éd. revue 2001, évoqué par M. Davis, loc. cit.

37Th. Friedman, New York Times, 27 janv. 2002. X. Gong envisage une telle « privation relative » plutôt que la pauvreté comme cause principale du “terrorisme” contemporain, supra note Error: Reference source not found. Pour un compte-rendu de recherches niant une causalité entre pauvreté et violence politique, cf. Daniel Cohen, “Terrorisme : la pauvreté n’est pas coupable”, Le Monde, 7 oct. 2002.

38Cf. Manière de voir – Le Monde diplomatique n° 67, janv. 2003, p. 83, d’après US News and World Report, 29 juillet 2002.

39Sur le raisonnement débouchant sur ce résultat, cf. I. Porras, supra note Error: Reference source not found, p. 306 à 309. Pour les réflexions et revendications d’abandonner l’interdiction constitutionnelle de la torture en Allemagne, cf. Peter Marcuse, “11. September : städtische, politische und ökonomische Auswirkungen”, in Albert Scharenberg & Oliver Schmidtke (dir.), Das Ende der Politik ? Globalisierung und der Strukturwandel des Politischen, Westfälisches Dampfboot : Münster 2003, p. 232 à 253.

40V. la complainte de Voltaire qu’alors que les églises seraient fréquentes au Levant, il serait impossible de trouver une mosquée en France. En Grèce, la religion orthodoxe et la langue grecque ont survécu grâce à l’empire ottoman, tandis qu’en Espagne, juifs et musulmans ont été chassés par le catholicisme. Les populations musulmanes ne pratiquaient pas l’antisémitisme avec l’intensité qui le rend probablement fondateur pour la société occidentale, ni ont-elles déclenché un “fémicide”, cf. Donata Pahnke, “Patriarchaler Fundamentalismus im Islam und Christentum”, beiträge zur feministischen theorie und praxis n° 32, 1992, p. 9 à 18 (17).

41Cf. Françoise Lorcerie (dir.), La politisation du voile. L’affaire en France, en Europe et dans le monde arabe, L’Harmattan 2005 ; Pierre Tévanian, Le Voile médiatique. Un faux débat : « l’affaire du foulard islamique », Raisons d’agir 2005.

42Selon A. Roy, supra 

43Robert Stinnett, Day of Deceit. The Truth about FDR and Pearl Harbour, Free Press : New York 1999 et éd. ultérieures ; interview avec l’auteur (où il justifie, en définitive, cette démarche) sur www.disinfo.com/archive/pages/article/id1488/pg1/index.html.

44Cf. André Fontaine, Histoire de la guerre froide, Fayard 1967, p. 14 à 15, cité par Claude Julien, “Fauteurs de guerre ?, Le Monde diplomatique, oct. 1990, p. 17.

45Tom Wells & Todd Gitlin, The War Within : Amercia’s Battle over Vietnam, Univ. of California Press : Berkeley 1994, cité par Philip S. Golub, “Comment s’est décidée l’offensive contre Bagdad”, Manière de voir – Le Monde diplomatique n° 67, janv. 2003, p. 19.

46Cf. Zbigniew Brzezinski sur l’aide américaine aux talibans : « Cette opération secrète [...] a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan [... donnant] à l’URSS sa guerre du Vietnam », Le Nouvel Observateur n° 1732, 15 janv. 1998.

47Cf. C. Julien, supra note citant notamment Newsweek, 20 août 1990, et International Herald Tribune, 15 et 20 sept. 1990. Sur la base d’une enquête récente, cf. le compte-rendu détaillé de Michel Despratx & Barry Lando, “Notre ami Saddam. Quand les Etats-Unis et la France s’alliaient à la dictature”, Le Monde diplomatique, nov. 2004, p. 12 à 13.

48Cf. M. Ruppert, “A Timeline Surrounding September 11th”, www.fromthewilderness.com/free/ww3/02_11_02_lucy.html, nos 30 à 32.

49Anthony C. Sutton, America’s Secret Establishment. An Introduction to the Order of Skull and Bones, éd. augmentée, Trine Day, LLC : Walterville/Oregon 2003. Une interview avec l’auteur, datée de 1999, figure sur http://www.antonysutton.com/suttoninterview.html. V. aussi infra note

50Cf. Turner Catledge, “Our Policy Stated”, New York Times, 24 juin 1941, p. 1 et 7 (7).

51Ainsi les amiraux Furer et Leathy, selon Michael S. Sherry, Preparing for the Next War. American Plans for Post-war Defence 1941-45, Yale Univ. Press : New Haven/Conn. 1977.

52Cf. A. Sutton, America’s Secret Establishment, supra note Error: Reference source not found. C’est pourquoi les Etats-Unis ont, outre les Nazis, également soutenu l’essor industriel de l’URSS, cf. A. Sutton, Western Technology and Soviet Economic Development, 3 vol., Hoover Institute : Stanford 1968 à 1973. Une illustration de cette stratégie, bâptisée “destruction créatrice”, est fournie par le chercheur conservateur Michael Ledeen, “Creative Destruction. How to Wage a Revolutionary War”, National Review Online, 20 sept. 2001, http://old.nationalreview.com/contributors/ledeen092001.shtml : « Nous sommes le seul pays véritablement révolutionnaire au monde, comme nous l’avons été pendant plus de deux siècles. [Nous ne voulons pas de stabilité.] La destruction créatrice est notre seconde nature ». V. en grand détail M. Ledeen, The War Against the Terror Masters: Why It Happened. Where We Are Now. How We'll Win, St. Martin’s Press : New York 2002.

53Z. Brzezinski, The Grand Chessboard – American Primacy and its Geostrategic Imperatives, Basic Books : New York 1997, p. 57 et s. (Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde, Fayard/Pluriel 2011).

54C’est l’enseignement que l’on peut tirer d’Immanuel Wallerstein, “The Inter-State Structure of the Modern World-System”, in Steve Smith et al. (dir.), International Theory : Positivism and Beyond, Cambridge Univ. Press 1996, p. 87 à 107 (87 à 93).

55J. Baudrillard, supra note p.59.

56V. C. Pollmann, Personal Identity – Fortress of the Individual in a World of Performance ? The Self, Law and Social Power, conférence aux Universités de la Floride du Nord et de Harvard, www.iq.harvard.edu/files/iqss/old/PPBW/pollman.pdf, Asia University Law Review (Tokyo), vol. 38, n° 1/2003, p. 178 à 139. Pour une critique de l’idée de sécurité, v. Giorgio Agamben, “Heimliche Komplizen : Über Sicherheit und Terror”, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 20 sept. 2001.

57J. Baudrillard, supra note p.37

58Immanuel Wallerstein, “America and the World: The Twin Towers as Metaphor”, conférence au Brooklyn College, 5 déc. 2001, http://www2.binghamton.edu/fbc/archive/iwbkln02.htm.

59Cf. John Holloway & Eloína Peláez, The War of all States against People”, www.links-netz.de/K_texte/K_holloway_war.html.

60Le 9 déc. 2001, Günther Beuchel, un membre de la délégation de l’Union européenne à Tbilisi, a été assassiné sur l’escalier de la maison où il habitait.

61En 2000, le salaire mensuel d’un professeur d’université se montait à 42 Lari géorgiens (= $ 22). Un pyjama bon-marché coûtait 6 GEL, donc un septième.

62Cf. Josef Breuer & S. Freud, “Studien über Hysterie” [1895], in S. Freud, Gesammelte Werke, vol. 1, Fischer : Frankfurt/M. 1999, p. 87 et s. (Etudes sur l’hystérie, 13ème éd., P.U.F. 1996).

63C’est peut-être pourquoi « la sœur jumelle de la compassion [...], c’est l’arrogance », J. Baudrillard, supra note Error:. 39.

64C’est plus particulièrement le droit qui possède cette fonction, cf. Vincenzo Ruggiero, “Daniel Defoe and busines crime”, chapitre 11 in idem, Crime and markets. Essays in anti-criminology, Oxford Univ. Press 2000 ; Klaus Günther, “Kampf gegen das Böse ? Zehn Thesen wider die ethische Aufrüstung der Kriminalpolitik”, Kritische Justiz 1994, p.135 à 157 (149 à 150).

65Ainsi déjà Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique [1894], Flammarion 1988, p. 160 ; plus récemment Kai T. Erikson, Wayward puritans. A study in the sociology of deviance, John Wiley & Sons : New York et al. 1966, p. 14 et s., 199 et s. (éd. revue 2004) ; Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Gallimard 1975, p. 267 et s. ; Alessandro Baratta, Les fonctions instrumentales et les fonctions symboliques du droit pénal, Déviance et société 1991, p. 1 à 25.

66Ainsi Franz von Liszt (1900) et d’autres criminologues cités par Erich Fromm, “On the Psychology of the Criminal and the Punitive Society” (1931 en allemand), in Kevin Anderson & Richard Quinney (dir.), Erich Fromm and Critical Criminology. Beyond the Punitive Society, Univ. of Illinois Press : Urbana & Chicago 2000, p. 129 à 156 (142 à 144).

67Richard Quinney, Critique of Legal Order. Crime Control in Capitalist Society (1974), Transaction Pub : New Brunswick (N.J.)/London 2001 ; Knut Engelhardt, Eine psychoanalytische Konstruktion des labeling-approach, Kritische Justiz 1975, p. 266 à 294.

68Cf. World Prison Brief de l’« International Centre for Prison Studies », Londres, www.prisonstudies.org/info/worldbrief/index.php (chiffres 2010 et 2011).

69E. Fromm, supra note  p. 145.

70K. Erikson, supra note p. 64, passim ; Henrik Tham, Drug control as a national project : the case of Sweden, The Journal of Drug Issues, vol. 25, n° 1, hiver 1995, p. 113 à 128.

71E. Fromm, supra note Error: Reference source not found, p. 144 à 147.

72V. l’analyse interdisciplinaire de William Bloom, Personal identity, national identity and international relations, Cambridge Univ. Press 1993, passim.

73Dominique Vidal, “Israël contre Israël”, Le Monde diplomatique, janv. 2002, p. 1 et 14 à 15.

74Nurit Peled-Elhanan, “Bibi, qu’as-tu fait ?”, Le Monde diplomatique, oct. 1997, p. 11.

75E. Fromm, supra note p.146.

76A. Roy, supra note

77Cf. Dario Melossi, “Changing Representations of the Criminal, in D. Garland & R. Sparks (eds.), Criminology and Social Theory, Oxford Univ. Press 2000, p. 149 à 181 (163 à 165 avec références).

78Voire au-delà, comme dans le Massachusetts au XVIIème siècle, cf. K. Erikson, supra note passim.

79I. Porras, supra note p. 295

80Cf. International Council on Human Rights Policy, Human Rights after September 11, ICHRP : CH-Versoix 2002, www.ichrp.org/files/reports/29/118_report_en.pdf.

81John Le Carré, supra note

82I. Porras, supra note p. 309.

83L. Lapham, supra note p. 8

84Cf. les parallèles entre “terroristes” et certaines facettes suicidaires de l’économie contemporaine établis par Denis Duclos, “Patrons fraudeurs et tueurs fous. Capitalisme du mensonge”, Le Monde diplomatique, août 2002, p. 4 à 5.

85J. Baudrillard, supra note p. 57

86Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique [1835 à 1840], préface de François Furet, Garnier-Flammarion 1981, vol. 1, p. 247. Cette idée est élargie par J. Baudrillard : « La suprématie de l’espèce humaine sur le reste de la planète n’est-elle pas à l’image de celle de l’Occident sur le reste du monde ? » (supra note  p. 83).