Il y a bien des annes de cela le premier sminaire auquel jĠassistai, au dbut de lĠanne 1993, me laissa une impression difficilement exprimable et, en tous cas, durable. Fernando Gil tenait son enseignement LĠEHESS, au 105 du boulevard Raspail. En sortant du cours, le sentiment partag par moi et dĠautres que lĠactivit intellectuelle ne pouvait quĠtre poursuivie, amplifie, continue sans relche sĠimposait. Le Ç sminaire des vivants È du Pr. Gil nous tait exigeant.
Pourquoi remonter ici le cours du temps grandes enjambes ? Peut-tre parce quĠen se rapprochant du sentiment initial, dans lĠintelligence premire dĠune rencontre on voit mieux les piles dĠun pont que la philosophie tente toujours actuellement de jeter entre lĠignorance et la comprhension, entre lĠinsignifiance et lĠintelligibilit. On peroit l lĠincalculable bnfice de ce qui encore aujourdĠhui doit peut-tre nous tenir lieu de socle stable partir duquel la connaissance philosophique sera envisage.
A une question parfois harassante pour lĠaspirant philosophe, nous pouvions alors rpondre : Ç nous lĠavons È. Et aujourdĠhui encore : Ç nous lĠavons eu È ce matre, ce trs grand matre de science et de philosophie. Je parle de lĠenthousiasme que provoque celui qui nous fait entendre que philosopher est connatre – et trs lĠoppos de colporteurs concentration moutonnire de certaines philosophies contemporaines.
Pour Fernando Gil la philosophie est connaissance sans cesse modifie de ce qui est connu comme de celui qui connat. LĠenthousiasme provoqu, ai-je dit, se rsume sommes toutes en ce succs toujours ingal de la transmission : que, non content des contenus de la connaissance et de ses oprations soit tout autant transmise lĠexigence elle-mme de connatre.
Voil ce quĠon doit dire peut-tre, quand on doit se tenir quelques mots, de celui qui, pour nous, et au moins en son image vraie, ne cessera jamais de grandir.
O.
Capparos
L'énergétique de la pensée (O. Capparos)
Entretien sur Fernando Gil (R.A. Branco)