Zenshin kore mimi nari – être tout ouïe
Courte improvisation :
JĠhabite un petit appartement dans la banlieue de Tokyo, un peu plus dĠune heure de train du centre, ct de la gare dĠInage. Le quartier est trs calme. Pourtant, dans ma chambre aux cloisons plutt minces, jĠentends soirs et matins des annonces sur haut-parleurs. JĠai appris petit petit reconnatre et dchiffrer ces paroles, ces musiques, ces sonsÉ Il y a le camion de recyclage des appareils lectriques, le marchand de Tofu, ou encore le vendeur de patates douces dont la ritournelle mĠest devenue si familire quĠelle est pour moi source dĠapaisement. Pendant les campagnes, quĠelles soient politiques ou publicitaires, les porte-voix prolifrent et sillonnent inlassablement le quartier. Les ambulances, en plus de leur sirne, prviennent poliment chaque fois quĠelles tournent droite ou gauche, et il est possible de suivre quelques minutes leur itinraire, jusquĠ ce que le son ne sĠamenuise et ne se perde au coin dĠune rue. Pour me rendre la gare ou aller faire mes courses je dois marcher quelques minutes. Des chants dĠoiseaux mĠindiquent lorsque le feu piton passe au vert. Les guichets automatiques pour retirer de lĠargent ou acheter un billet de train sont tous dots de parole : ds que lĠon sĠen approche ils rcitent la formule de bienvenue consacre : ÔÔirashaimaseĠĠ, puis diffusent leurs instructions. Lorsque je vais au supermarch, une rengaine incessante mĠaccompagne, ainsi que de multiples rclames sur les dernires promotions du jour. Pratiquement chaque rayon a son refrain. Une voix me recommande galement la prudence lorsque je prends lĠescalator, tout en me remerciant dĠtre venu faire mes courses cet endroit. A la gare, dĠautres voix me mettent en garde des arrives et des dparts, pendant quĠune mlodie spcifique annonce lĠouverture ou la fermeture des portes. Lorsque je travaille la bibliothque de lĠuniversit, la mdiathque municipale, aux centres communautaires, des airs de musique classique mĠindiquent une demi-heure lĠavance la fermeture des lieux alors quĠune nouvelle annonce me conseille de faire ds maintenant enregistrer mes emprunts. Certains jours, alors que je me trouve encore lĠuniversit, jĠentends la cloche dĠun temple bouddhiste non loin de l rsonner gravement huit heures du soir. Le simple fait de passer prs dĠun btiment de pachinko me donne mal la tte, tant le bruit y est diffus et puissant. Bien sur, lorsque je vais Tokyo mme, tout cela me semble dmultipli.
Mon guide mĠavait bien prvenu : dans lĠabcdaire,
entre ÔÔBonsaiĠĠ et ÔÔBunrakuminĠĠ, figure le mot ÔÔBruitĠĠ accompagn de ce
commentaire : Ç cĠest lĠune des pollutions les plus importantes au
Japon. Que ce soit dans les rues, les gares, les trains, les bateaux, des haut-parleurs
vomissent des flots de musique ou de discours sans interruption È1 .
Alors que le Japon est devenu lĠun des leaders mondiaux en matire dĠcologie
sonore, ayant dvelopp des techniques perfectionnes visant rduire les
nuisances dues aux autoroutes, aux chemins de fer ou aux aroports, les grandes
agglomrations japonaises laissent donc entendre une grande varit de bruits
et de signaux qui tendent organiser les itinraires du corps, ses mouvements
2 .
Pourtant que lĠon ne se mprenne pas : il nĠy a pas de bruit partout et
toujours, loin de l. En fait, en faisant seulement quelques pas de ct en
dehors des grandes artres, il est possible de trouver, ce qui ne manque pas de
surprendre, des lieux extrmement calmes, des quartiers paisibles...
Ainsi lĠenvironnement sonore de Tokyo a t-il dĠemble
attir mon attention ; peut-tre parce quĠtant venu faire une recherche
sur la musique, jĠai ouvert les oreilles autant que les yeux. Mais en essayant
de dcrire avec des mots ce que jĠentends quotidiennement, je mĠaperois aussi
combien mon discours est charg de jugements de valeur. En crivant, je
mĠcoute couter, et une question surgit laquelle le musicologue Peter
Szendi, comme dĠailleurs bon nombre dĠethnomusicologues, sĠest dj efforc de rpondre :
ÔÔcette oreille que je prte, qui me lĠa prteĠĠ3
? Autrement dit, quĠest-ce qui a particip la construction, au faonnement de
mon coute ?
Ç Le musicien peut dire par excellence :
ÔÔje hais la mmoire, je hais le souvenirĠĠ, et cela parce quĠil affirme la
puissance du devenir È4 :
quelques rflexions sur la musique de Sachiko M
Le livre Tokyo Nobody 5 du photographe Masataka Nakano ne pourrait-il pas tre considr, par le principe mme qui a guid sa cration, comme le pendant visuel de la musique de Sachiko M ? Tokyo Nobody est un agencement de photographies o le centre de Tokyo, ses rues et ses immeubles, sont vids ou comme dpouills de lĠhabituelle prolifration humaine, et se donnent voir comme de nouveaux territoires.
En observant ces photographies la premire chose qui vient lĠesprit est justement ce qui lui est davantage familier : devant le dnuement et la fixit de ces images, nous replaons imaginairement le flot mouvant dĠhommes et de femmes dont ces endroits sont coutumiers. Ou encore nous cherchons la trace, le signe qui viendrait tmoigner de faon effective dĠune prsence passe dans ces lieux dserts. Et puis on oublie : ce quĠil en tait, ce quĠil en est habituellementÉ LĠespace sĠaffranchi de la mmoire.
De mme la musique de Sachiko M, si lĠon se rfre lĠenvironnement sonore urbain japonais, laisse entendre un territoire ÔÔviergeĠĠ de tout code, exempte dĠintention signaltique ou de rminiscence affective, loin de toute musicalit pourrait-on dire prime abord. Lors des performances de cette artiste, des spectateurs tournent parfois la tte dĠun ct et de lĠautre dans un mouvement rgulier, afin de modifier leur perception du son. Curieux spectacle que ces hochements ou balancements, qui nĠont dĠautre fonction que de rintroduire du rythme, des variations, l o il nĠy a quĠun son unique et continu. Mais eux aussi, ils finissent par oublier.
Si Sachiko M a un parcours clectique 6 , sa musique, elle, semble donc tre dpourvue de toute influence : une onde sinusodale (ÔÔsine waveĠĠ) produite partir dĠun sampler dpourvu de tout chantillon sonore ou musical : un sampler ÔÔamnsiqueĠĠ.
Aucune ascendance, pas de racines. Et pourtant, je ne peux rsister la tentation de citer ici Toru Takemitsu, qui sĠest efforc lĠpoque de bien saisir les diffrences esthtiques entre les conceptions japonaises et occidentales du son. Selon lui le ÔÔsawariĠĠ, terme polysmique servant notamment qualifier une certaine qualit de ÔÔbruitĠĠ produit avec le Biwa ou le Shamisen, mais aussi les organes vocaux (par exemple dans le ÔÔGiday-BushiĠĠ), est lĠun des principaux caractres distinctifs de la musique traditionnelle japonaise. Il fait remarquer, en illustrant son propos par la pratique du Shakuhachi, que Ç la musique japonaise pose un norme problme : une seule note nĠest pas suffisante pour faire de la musique en occident. [...] mais dans la musique japonaise, lĠimportant est quĠil y a du sawari dans un seul son. En bref, cela ressemble du bruit. Compar au son musical occidental, ce son est trs complexe, puisquĠil contient une grande quantit de composantes sonores qui sont actives en lui È7. Musique lectroacoustique, musique lectronique, ce sont justement ces ÔÔcomposantes sonoresĠĠ qui se donnent de plus en plus voir et entendre. De ce point de vue il nĠest plus vraiment question dĠorient et dĠoccident, mais dĠune autre gographie, sans points ni repres, sans coordonnesÉ une gographie du corps et des sensations. DĠun autre ct, les sons de Sachiko M nĠont pas cette complexit dont parle Takemistsu. Ils sont nets, incisifs, cĠest pourquoi ils pntrent dĠautant mieux le corps, le traversent, le transpercent.
Ds le dbut de lĠentretien que Sachiko M a bien voulu mĠaccorder, jĠai t surpris par lĠinsistance avec laquelle elle affirme : Ç je ne suis pas musicienne, je ne fais pas de la musique È. Cet nonc catgorique peut se comprendre en allant chercher du ct de Deleuze et Guattari, pour lesquels lĠÏuvre musicale est parcourue de devenirs, est toute entire tentative de cration de lignes de fuite, ou vecteurs de dterritorialisation : Ç Le systme-ligne (ou bloc) du devenir sĠoppose au systme-point de la mmoire. Le devenir est le mouvement par lequel la ligne se libre du point, et rend les points indiscernables : rhizome, lĠoppos de lĠarborescence. Le devenir est une anti-mmoire. [...] Le souvenir [,la ritournelle,] a toujours une fonction de reterritorialisation È8.
Sachiko M, en utilisant un sampler amnsique, semble nous dire : ÔÔpuisque lĠoubli est lĠapanage du musicien, nĠest-il pas logique que celui-ci oublie quĠil fait de la musique et, partant, ne se souvienne mme plus quĠil est musicien ?ĠĠ9 .
Il est vrai que Sachiko M, comme dĠailleurs un certain nombre dĠautres artistes du son, nĠa jamais reu de formation musicale. La relation quĠelle entretient avec son instrument, le sampler, est selon ses propos bien diffrente de celle quĠun musicien arrive tisser aprs des annes de pratique et dĠapprentissage, durant lesquelles se produit une sorte de faonnement rciproque entre le corps et lĠinstrument. Ç Il y a une distance entre le matriel que jĠutilise et moi-mme È, me rpte t-elle plusieurs fois. Cela va lĠencontre de ce que jĠavais imagin prime abord, pensant des extensions technologiques du corps, comme cĠest le cas chez dĠautres artistes. La continuit de sa musique abolit ainsi toute notion de dextrit, mais requiert malgr tout une comptence corporelle, ou plutt une aptitude qui dpasse le corps lui-mme. Et finalement, le rsultat est relativement similaire.
Mais je veux dĠabord mĠarrter un moment sur cette notion de distance, et lĠillustrer de quelques exemples. Sachiko M me dit quĠelle dteste les magasins de musique, car les vendeurs ne la comprennent jamais. De toute faon le modle de sampler quĠelle utilise (S 20) est dpass : les sons quĠelle produit avec sont gnralement envisags comme une nuisance que les concepteurs cherchent rduire autant que possible, voire faire disparatre. Sachiko M a achet son sampler sur Internet. On peut remarquer en outre quĠelle nĠutilise pas un vocabulaire classique pour dcrire son activit. Alors quĠune trs grande majorit de musiciens associent le verbe ÔÔjouerĠĠ au nom de leur instrument (ÔÔje joue du trombone, du piano, de la clarinette ou du saxophoneĠĠ), Sachiko M ne parle pratiquement jamais de ÔÔjouer du samplerĠĠ. Elle remplace le nom de son instrument par le nom du son qui en mane, savoir ÔÔsine waveĠĠ : ÔÔwhen I play the sine-wave...ĠĠ dira tĠelle alors.
Etant donn cette distance entre les positionnements, les gestes, et lĠinstrument on se demandera donc quelle(s) technique(s) du corps cette artiste fait appel lors de ses performances.
Car Sachiko M nĠeffectue que trs peu de mouvements pendant ses concerts. En fait, except ses mains et ses doigts qui voluent lentement au dessus de ses appareils, dĠun bouton lĠautre, son corps demeure presque parfaitement immobile, fig. Ses yeux et son visage entier sont baisss, et pas une seule fois elle ne les lve vers le public. Elle semble totalement absorbe. Lorsque je lui ai demand la raison dĠune telle posture, elle a rpondu quĠil sĠagissait pour elle de pouvoir couter, de se concentrer sur son coute. Je lui ai donc demand si elle percevait galement les bruits mis par le public, les bruits du dehors, et si elle en tenait compte dans son improvisation : ÔÔJĠaime couter les sons, mais je ne ragis pas ces sons dans ma performanceĠĠ. On retiendra principalement cette prsence, cette prdominance de lĠoue au dtriment des autres sens. Ç CĠest pourtant par le geste que le corps sĠimplique dans la musique, si bien quĠelle prend corps et devient performance È pourraient rtorquer les ethnomusicologues comme Jean During10 . Il nĠen demeure pas moins que dans le cas prsent les choses semblent se prsenter sous un angle diffrent.
Peter Szendi a crit un livre remarquable sur les connections multiples et inoues qui sĠtablissent au fil du temps dans la pratique musicale, montrant comment les musiciens sont parfois mme de se crer des membres fantmes, dĠajouter dĠautres organes leur propre corps, et ce travers la relation physique et fictionnelle quĠils instaurent avec leur instrument (page 12 : Ç la rinvention ou recomposition radicale du corps, sa destitution et son individuation nouvelle, dot dĠune enveloppe et de membres indits È11). Par exemple des pianistes qui paraissent, de faon effective, pourvus de doigts ou de mains supplmentaires. Il est intressant de remarquer comment lĠauteur rhabilite une vieille discipline appele ÔÔorganologieĠĠ, consistant en la classification et la nomenclature des instruments producteurs de sons, pour justement tudier quel point le corps peut sĠassembler diffremment, se crer de nouveaux circuits, comment lĠorganisme peut se modeler et tre remodel.
Mais si la technologie vient, rellement cette fois, de plus en plus pallier aux dfaillances du corps, le combler, tendre son champ dĠaction et de perception (ides bien souvent prsentes et pousses leur paroxysme dans lĠanimation et le cinma japonais), on assiste dans la musique de Sachiko M et de plusieurs autres artistes12 un phnomne diffrent. En fait, avec lĠutilisation dtourne du sampler le processus est presque inverse, puisque de par la distance entre le musicien et lĠinstrument le corps se vide plutt quĠil ne prolifre. Dans un cas comme dans lĠautre, un ÔÔcorps sans organeĠĠ se fabrique, mais sur des plans distincts. Simple question de style. Avec Sachiko M, la proximit nĠest plus rechercher dans le rapport avec lĠinstrument, mais dans le rapport avec le(s) son(s) qui traverse(nt), parcoure(nt) le ÔÔcorps sans organeĠĠ de multiples degrs dĠintensit. Elle le dit elle-mme : Ç pour moi lĠcoute est trs importante È, Ç peut-tre que jĠentends les sons avec mon corps È (cette dernire phrase est tire dĠun article de Michel Henritzi – cf Revue et Corrige. NĦ43, mars 2000, pages 43/44).
LĠide dĠune construction culturelle et sociale du corps est dj prsente depuis longtemps, et les concepts de Marcel Mauss sont de plus en plus repris par les ethnomusicologues : Ç Les techniques du corps musicien semblent naturelles et paraissent nĠobir quĠ des impulsions intrieures, il nĠen demeure pas moins quĠelles relvent dĠune incorporation [...] de rgles comportementales culturellement dtermines et sĠinscrivant dans une histoire du corps È13. Pour Deleuze et Guattari, inspirs par Artaud, cĠest lĠorganisme mme, cĠest dire le corps organis, qui rsulte dĠune injonction sociale dicte par la religion, lĠducation, la mdecine, les conventions, les coutumes, la sexualit... Ce qui devient central cĠest alors la manire dont chacun tente de ÔÔse bricoler un corps sans organeĠĠ.
Dans lĠanalyse des performances artistiques, le discours porte gnralement sur la gestuelle, les techniques, les aptitudes corporelles, alors que cĠest peut-tre prcisment ce dont les acteurs, danseurs, musiciens ou autres, ne veulent plus se souvenir, ne veulent plus que lĠon se rappelle. Car si les techniques du corps musicien, pour reprendre les termes de Lothaire Mabru, ne semblaient pas naturelles, ne devenaient pas naturelles (ou plutt ÔÔchimriquesĠĠ, ÔÔmonstrueusesĠĠ au sens de Jean-Claude Polack et Danielle Sivadon14), il ne saurait y avoir de vritable performance artistique, encore moins dĠimprovisation, mais simplement une reproduction ou imitation. LĠtude des performances pourrait ainsi porter sur la faon dont le musicien entrane les techniques du corps, la mmoire corporelle vers des zones inconnues, fictionnelles. De la mme faon, une tude ethnoscnologique devrait mon sens prendre en considration la manire dont un lieu de spectacle sĠouvre parfois sur un ÔÔailleurs de la scneĠĠ, travers les performances quĠil contextualise (Off Site, la petite salle de concert Tokyo, dans le quartier de Yoyogi, en tait une bonne illustration).
LĠcoute nĠest-elle pas une technique du corps part entire, trop souvent nglige comme telle, technique que Sachiko M en lĠoccurrence, sĠefforce dĠoublier et de faire oublier son audience (de mme que Ç la musique est lĠopration active, cratrice, qui consiste dterritorialiser la ritournelle È15 ) ? ÔÔcoute rduiteĠĠ, agencements nouveaux. Mais la question qui se pose est alors : est-il vraiment possible dĠoublier une technique du corps, dans la mesure o celle-ci est, par dfinition, inconsciente ? A moins que ce ne soit le corps qui oublie, moins que ce ne soit ici lĠoubli lui-mme, la vritable technique du corps. LĠoubli, dans lĠart, est une condition du devenir 16.
Dans le cas de Sachiko M il convient de faire subir la notion de Schaeffner : ÔÔlisibilit corporelle de la musiqueĠĠ, une mutation qui nous amnerait parler plutt de ÔÔlisibilit sonore du corporelĠĠ. Car les sons quĠelle produit traversent vritablement tout le corps, qui ne se dfinit prcisment plus que par des degrs dĠintensit, des frquences.
Je lĠai galement interroge sur la dure, lĠimportance du temps dans sa musique. ÔÔDevenir molculaire, devenir imperceptibleĠĠ... elle ne prfre pas jouer longtemps car son positionnement est difficile maintenir. Tout est question de dosage. Elle a finalement ajout, pour mon plus grand tonnement, quĠelle avait peur que son corps fasse du bruit, que lĠon entende les bruits internes de son corps. Son ventre gargouiller par exemple : retour intolrable de lĠorganisme alors que le corps tait prt se vider, sĠabsenter.
Ses installations, qui consistent exposer son sampler sur une table, au fond dĠune pice dpouille, et diffuser de faon alatoire les sons de deux Cds prpars, sont comme lĠaboutissement dĠune telle rflexion : le titre qui est chaque fois donn est ÔÔIĠm hereĠĠ. Lorsque je lui ai demand dĠexpliquer la contradiction entre ce titre et ce qui est donn voir et entendre, elle a expliqu : Ç jĠai rflchi sur ce qui pouvait diffrencier une performance dĠune installation : cĠest la prsence ou lĠabsence de lĠartiste. Dans mon installation, je veux que les visiteurs aient comme le sentiment que je viens de partir È. Le corps sĠest effac, reste sa trace : le son.
1
Petit Fut, Japon, Nouvelles Editions de
lĠUniversit, 2002, p. 122
2
Ç La musique sĠinscrit entre le bruit et
le silence, dans lĠespace de codification sociale quĠelle rvle. Tous les
codes de la musique sĠenracinent dans les idologies et technologies de son
poque, tout en produisant celles-ci en mme temps. [...] Ce qui doit tre
construit, donc, ressemble davantage une cartographie, une structure des
interfrences et dpendances entre une socit et sa musique È. ATTALI
Jacques, Bruits : essai sur lĠconomie politique de la musique, Paris, Fayard, 2001
3
SZENDI Peter, Ecoute – une histoire de nos oreilles, Paris, Les Editions de Minuit, 2001
4
DELEUZE Gilles et GUATTARI Felix, Mille Plateaux, Paris, Les Editions de Minuit, 1980, p. 364
5
NAKANO Masataka, Tokyo
Nobody,
Tokyo, publi par Sun Chiapang (Little More), 2000
6
cf The queen of the sine wave kingdom explains
herself, an interview by Takashi Azumaya, in Improvised music from Japan 2002-2003, Tokyo, Edit par
SUZUKI Yoshiyuki, p. 12 14 de la traduction anglaise.
7
TAKEMITSU TORU, On
Sawari (1969),
in Everett/Lau, Locating East Asia in western art music, Middletown, Presses
Universitaires de Wesleyan, 2004, p. 202, traduction personnelle : Ç Japanese
music poses a huge problem : a single note is not enough to make music in the
West. [É] but in Japanese music, the point is that a single sound has sawari.
In short, it is noiselike. Compared to Western musical sound, it is extremely
complex, as it contains many component sounds that are active within it È.
8
DELEUZE Gilles et GUATTARI Felix, Mille Plateaux, Paris, Les Editions de Minuit, 1980, p. 360
9 Dans une nouvelle pleine dĠhumour NAKAJIMA Atsushi
raconte lĠhistoire de Chi ChĠang, qui voulait devenir le meilleur archer du
monde. Il nĠest parvenu ses fins quĠaprs avoir oubli lĠutilisation de
lĠarc, jusquĠ nĠtre mme plus en mesure de se rappeler le nom de cet objet.
Et de conclure : Ç On prtend quĠ la suite de cet incident les
peintres jetrent leurs pinceaux aux orties, les musiciens brisrent les cordes
de leurs instruments [É] È, Le Matre, in LĠiris fou, Paris, Stock, 1997, p.
53
10
DURING Jean, Hand made – pour une anthropologie du geste musical, in Cahiers de musiques traditionnelles
NĦ14 (Le geste musical), 2001, p. 40
11
SZENDI Peter, Membres fantmes des corps musiciens, Paris, Les Editions de Minuit, 2002
12 Otomo Yoshihide, qui fait fonctionner des tourne-disques sans y placer
aucun disque... ou Toshimaru Nakamura avec sa table de mixage boucle sur elle
mme, ÔÔno input mixing-boardĠĠ.
13 MABRU Lothaire, Vers une culture musicale du corps, in Cahiers de musiques traditionnelles
NĦ14 (Le geste musical), Genve, Georg Editeurs, 2001,
p. 96
14
Je renvoie leur ouvrage LĠintime
Utopie, Paris, P.U.F., 1991
15
DELEUZE Gilles et GUATTARI Felix, Mille Plateaux, Paris, Les Editions de Minuit, 1980, p. 369