Lamento di Teseo

 

 

 

 

Le croiras-tu Ariagne ™ mon Ariagne la plus pure le croiras-tu

 

Que veux-tu ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe que veux-tu que je croie

 

Je suis devenu vieux Ariagne ™ mon Ariagne vieux le croiras-tu si vieux je suis devenu que je suis incapable ce soir dĠentrer dans le labyrinthe

 

Que dis-tu ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe que dis-tu

 

Chaque jour depuis neuf ans moins une nuit je suis entrŽ dans le labyrinthe car cĠest ce que quĠattendaient de moi le peuple de Crte et le peuple dĠAthnes pour une fois unis

 

ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Et cĠest ce que quĠattendaient de moi mon pre lĠavare EgŽe et ton pre le pŽdŽraste Minos les vieux ennemis toujours ˆ se chamailler comme le font les vieillards mais dĠaccord en ceci que je devais entrer dans le labyrinthe parce que je lĠaurais promis (fatale promesse dont je nĠai pas le souvenir) et toi

 

Moi

 

Et toi Ariagne ™ mon Ariagne pour cet exploit tu mĠaimais (ne rŽponds pas)

 

Je tĠaime ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe je tĠaime

 

Depuis neuf ans moins une nuit jĠai tenu ce r™le

 

Degno chĠil mondo ammiri

 

Chaque soir depuis neuf ans moins une nuit je suis entrŽ dans le labyrinthe mais aujourdĠhui

 

Ne dis rien ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Il faudra bien que tu le croies Ariagne ™ mon Ariagne la plus pure je suis devenu vieux je nĠai plus la vitalitŽ qui hier soir encore sĠexprimait avec prodigalitŽ et impatience dans mes membres quand je me suis levŽ du lit o je passe mes journŽes ˆ rver mes nuits et prenant en un geste machinal la pelote que tu me tendais je me suis dirigŽ vers les innombrables salles et couloirs de ce fatal labyrinthe

 

Durant ces neuf ans moins une nuit ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Durant ces neuf ans moins une nuit tu ne mĠas pas fait dŽfaut Ariagne ™ mon Ariagne tu mĠas accompagnŽ ˆ la porte du labyrinthe et nouant ˆ ta cheville lĠextrŽmitŽ du fil

 

Nouant ˆ ma cheville lĠextrŽmitŽ du fil

 

Tu mĠas attendu patiemment ˆ la porte

 

Je tĠai attendu patiemment ˆ la porte

 

Te souciant bien peu des moqueries des enfants et de tes camarades qui devenues femmes et Žpouses tĠappelaient Žpouse de Dionysos et raillaient ton diadme dĠor en promenant devant toi leurs ventres rebondis voilˆ ce que cĠest de sĠtre ŽnamourŽe dĠun homme plus ‰gŽ

 

Je tĠaime ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe je tĠaime

 

Pendant neuf ans moins une nuit je nĠai jamais ŽtŽ pris en dŽfaut mais ce soir

 

Ne dis rien ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe ˆ quoi bon ces paroles

 

Ariagne ™ mon Ariagne je suis vieux

 

Ë quoi bon ces paroles cĠest moi qui vais entrer dans le labyrinthe

 

CĠest toi ™ la plus pure

 

CĠest moi ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Toi qui accompliras la t‰che que ThŽsŽe quĠon appelle le sŽrieux ThŽsŽe ne peut plus accomplir

 

Quand lĠun des Žpoux ne peut plus accomplir sa t‰che cĠest ˆ lĠautre de le faire cĠest selon ce principe (ne tĠen moque pas car tes moqueries pourraient bien rŽduire ˆ nŽant tout ce que nous sommes) que jĠirai ™ mon Žpoux

 

Je ne te demande rien Ariagne ™ mon Ariagne je ne te fais ni une demande ni te donne un ordre ni ne te supplie je ne me mets pas ˆ genoux devant toi pour pleurer tu ne mĠas pas vu pleurnicher

 

Tu ne me demandes rien ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe tu ne me demandes rien tu ne mĠas jamais donnŽ dĠordre tu te tiens devant moi aussi glorieux quĠau premier jour ne dis rien je glisse mes pieds dans des escarpins

 

Ce sont tes plus beaux escarpins que tu enfiles

 

JĠenserre ma cheville de la bride

 

La bride agrŽmentŽe avec cha”nettes perles petites boucles et clous de strass

 

Et viens nouer lĠextrŽmitŽ du fil ˆ ta cheville

 

Fais-le car je ne peux plus me pencher mon dos me fait trop mal cĠest quĠil a pesŽ si lourd ce devoir il sĠest appuyŽ sir fort sur moi quĠil mĠa cassŽ le dos

 

Je noue le fil autour de ta cheville remarques-tu comme je respecte le rituel

 

Tu fais bien ™ la plus pure tu fais bien

 

Toi aussi ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe toi aussi tu dois jouer ta part du rituel

 

Pendant que tu enfile tes escarpins et noues le fil ˆ ma cheville je te jure ˆ nouveau ma foi je te jure ˆ nouveau que tu es mienne Ariagne ™ mon Ariagne je jure ˆ nouveau que jĠornerai tes cheveux de

couronnes

 

Tu orneras mes cheveux de couronnes

 

Je te couvrirai de joyaux et dĠor

 

Tu me couvriras de joyaux et dĠor

 

Prends la pelote Ariagne prends-la ne tire pas dessus ne la laisse pas choir en nouant le fil autour de ma cheville tu recevras gloire et vie Ariagne

 

Gloria e vita

 

Fais un nÏud qui ne se dŽfera pas un nÏud que le temps qui dŽfait les nÏuds qui ne sont pas dĠabord bien faits ne dŽfera pas

 

Je le fais double

 

Fais-le double

 

Et triple

 

Fais-le triple

 

Je noue encore et encore

 

Encore et encore ne te soucie pas quĠil ne puisse tre dŽfait puisque je te jure encore une fois ma foi

 

Ta foi

 

 

La couronne les joyaux et lĠor

 

La couronne les joyaux et lĠor

 

Ma foi et ce fil sont le chemin direct que tu emprunteras pour sortir du labyrinthe et revenir ˆ moi et recevoir la couronne les joyaux et lĠor

 

Je fais encore un nÏud ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Fais encore un nÏud Ariagne ™ mon Ariagne

 

Un nÏud encore

 

Maintenant va

 

Maintenant je vais

 

Entre dans le labyrinthe

 

JĠentre dans le labyrinthe

 

Je tĠattendrai ici en croisant mes jambes et en regardant ma cheville o tu as nouŽ le fil dans cette mme posture de petite fille que ton pre et tous les CrŽtois moquaient quand cĠŽtait la tienne je ne craindrai pas les moqueries des pres ni les mŽpris des femmes

 

Tu nĠas rien ˆ craindre

 

Tu as fait des nÏuds solides tu as multipliŽ les nÏuds

 

Tu as multipliŽ les serments

 

Tu ne l‰cheras pas le fil

 

Tu ne rompras pas les serments

 

Car ta vie et ta gloire en dŽpendent

 

Car ta vie et ta gloire en dŽpendent

 

Ariagne ™ Ariagne enfuis-toi cruelle enfuis-toi maintenant de mes yeux ne l‰che pas le fil qui se dŽvide et entre dans le labyrinthe sans rien redouter puisque le chemin du retour est tout tracŽ

 

Je ne redoute rien ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe jĠentre dans le labyrinthe avec le cÏur qui bat comme bat le cÏur de la petite fille qui pour la premire fois a ŽtŽ admise ˆ participer au jeu des grands (par quelle faveur elle ne le sait pas elle ne le comprend pas)

 

Ce nĠest pas un jeu

 

CĠest un jeu car jĠai pris ta place et seulement dans un jeu il mĠest permis de prendre ta place

 

Ce nĠest pas ce nĠest pas un jeu

 

SĠil y a des rgles et forcŽment il y a des rgles je ne les connais pas pendant neuf ans moins une nuit de ce que tu faisais dans ces pices tu ne mĠas jamais rien dit la premire fois que tu en es ressorti comme le cÏur me battait je mĠattendais ˆ ce que tu me racontes tes exploits comme tu mĠavais racontŽ pour me sŽduire la veille tes exploits de hŽros attique comment tu avais soulevŽ le rocher sous lequel se trouvait ton ŽpŽe que ton propre pre avait cachŽ (ton pre est un fourbe) comment sur la route qui longe lĠisthme de Corinthe tu avais tuŽ PŽriphŽts le boiteux ˆ Epidaure

 

Epidaure aux bons vignobles je me souviens de cela

 

La truie ˆ Crommyon sur le golfe Saronique au loin tu voyais les ”les dĠEgine de Salamine et de Poros

 

Au loin des ”les tu dis la vŽritŽ

 

Cercyon le bagarreur ˆ Elyeusis il avait une fille Alope

 

Alope jĠaime ce nom

 

Tout comme Sinis le fils de Procuste lui aussi avait une fille

 

Une fille

 

Une fille nommŽe PŽrigounŽ

 

Comme tu la connais la vie de ce vieil Žpoux tu la racontes si bien quĠelle me semble un rve que tu aurais rvŽ pour moi

 

Sinis le courbeur de pin tu lĠas tuŽ prs de Corinthe

 

Corinthe encore un mot qui finit en -inthe

 

Je me souviens de tous ces noms pas faciles pourtant ˆ retenir Scirion aux pieds sales PolypŽmon aux deux lits et les autres je me souviens mme sans jalousie de ton affaire avec la vieille HŽcalŽ

 

Encore une histoire

 

Jamais je ne tĠai jugŽ (mais quand mme comment as-tu pu faire a avec cette vieille souillon) mais lorsque tu es sorti du labyrinthe en suivant le fil de la pelote tu mĠas prise dans tes bras

 

Je tĠai prise dans mes bras

 

Mais tu ne mĠas rien racontŽ et quand tu tĠes trouvŽ devant mon pre et le peuple assemblŽs tu nĠas rien dit non plus

 

 

Le peuple attendait le rŽcit de mon combat

 

 

Tous nous attendions le rŽcit de cet exploit

 

Le peuple voulait tout savoir

 

Tous nous voulions tout conna”tre tout savoir du labyrinthe combien de salles combien de couloirs tu avais parcourus avant de rencontrer le monstre quels Žtaient les parfums quĠil faisait bržler devant sa porte quel Žtait le compte de ses trŽsors y avait-il des autels sur lesquels il faisait cuire la viande de ses victimes ou trop bestial pour offrir quoi que ce soit ˆ des dieux mangeait-il sa viande tout crue tĠen avait-il offert avant le combat vous Žtiez-vous adressŽ la parole au moins une fois en mourant avait-il prononcŽ le nom de sa mre et avait-il connu le nom de son bourreau (ton nom ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe) toutes ces questions et bien dĠautres encore nous les avions sur les lvres et tous nous attendions de toi que tu rŽpondes ˆ notre curiositŽ tous nous attendions de toi paroles descriptions adjectifs gestes blessures

 

Tous attendaient paroles descriptions adjectifs gestes blessures

 

Et cela nĠaurait pas suffi il nous en fallait encore des paroles des descriptions des adjectifs des gestes des blessures et encore jusquĠˆ en tre gavŽs mais toi rien pas un mot pas un geste tu nĠas rien dit rien montrŽ tu as jetŽ aux pieds de mon pre un petit bout de chair on sĠest dit que cĠŽtait un bout de la chair du monstre que tu avais dŽcoupŽ sur son cadavre cĠŽtait assez on nĠa pas insistŽ on lĠa donnŽ au chien

 

Tiens bien la pelote ™ la plus pure

 

ThŽsŽe le taiseux voilˆ comment le peuple tĠa nommŽ (les CrŽtois sont des impertinents) et puis pendant neuf ans moins une nuit tous les soirs tu as repris le chemin du labyrinthe sans passer une nuit avec moi et le matin tu mĠapportais un autre petit bout de chair sans rien dire

 

Le fil

 

Un autre petit bout de chair toujours plus informe personne nĠa jamais posŽ de question aprs tout AthŽniens et CrŽtois considŽraient que lĠaffaire Žtait rŽglŽe mon pre nous avait mariŽs ton pre avait ricanŽ mais sĠŽtait frottŽ les mains (plus de tribut ˆ payer) et moi ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe jĠŽtais si jeune ou si heureuse ou idiote je ne sais pas neuf ans moins une nuit cĠest quand mme long (mme le chien a fini par se lasser) mais je me suis dit que je ne comprenais pas tout

 

Le fil

 

Ce que tu faisais me ramener tous les jours ton bout de chair comme un chat qui dŽpose au pied de sa ma”tresse la souris quĠil a attrapŽe devait avoir un sens car tout ce que tu as fait a toujours eu un sens (frapper la monnaie instituer les panathŽnŽes rŽorganiser les jeux Isthmiques accueillir Îdipe et mme coucher avec la vieille HŽcalŽ tout ce que tu fais a du sens ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe)

 

Le fil se dŽvide-t-il

 

Mais de ce petit bout de chair

 

Le fil

 

Mais de ce petit bout de chair

 

Le fil

 

ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Comme il est immobile le fil qui court depuis ma cheville jusquĠˆ toi

 

 

Misera ce nĠest pas moi ce nĠest pas moi

 

Tiens bien la pelote Ariagne ™ mon Ariagne

 

Je tiens bien la pelote ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe ce nĠest pas moi qui ai eu des pensŽes si cruelles

 

Le fil se dŽvide

 

JĠai foi en toi jĠavance ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe pleine de foi en toi

 

Le fil se dŽvide

 

JĠavance pleine de foi en toi et selon lĠinspiration du moment car tu ne mĠas pas dit comment je devais me diriger et en ceci comme dans le reste je ne cherche pas ˆ avoir de mŽthode (le plaisir du jeu sĠen trouverait g‰tŽ) aux embranchements je prends tant™t ˆ droite tant™t ˆ gauche tant™t encore je continue tout droit arrivŽe dans les impasses je rebrousse chemin parfois je vais vite dĠautres fois je ralentis jusquĠˆ marquer le pas je suis les bonnes comme les mauvaises pistes (je ne fais pas la diffŽrence) ou alors jĠinterroge les signes que je rencontre

 

Il nĠy a pas de signe

 

Je les interroge en vain car je ne suis pas assez cultivŽe pour les comprendre cĠest comme dans la vie jĠessaie de les faire parler de toi de la seule chose qui mĠimporte je dis ton nom ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Il nĠy a personne pour te rŽpondre

 

Je dis ton nom dans toutes les langues que je connais et je suis prise dĠune folle allŽgresse je dis ton nom ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe entre ces murs vides et lĠŽcho rŽpte ton nom dĠune pice ˆ une autre ces pices vides se peuplent de ton nom cĠest tout un peuple innombrable qui se rŽveille en frŽmissant pour dire ton nom avec moi cĠest un peuple absent qui prenant confiance en lui fait entendre dans toutes les pices et tous le couloirs ton nom que je ne cesse de dire avec toujours plus dĠallŽgresse tout le labyrinthe est vivant ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe il est vivant de ton nom en toutes ses parties en tous ses corridors et toutes ses galeries en toutes ses salles et tous ses vestibules en tous ses coins et ses recoins rŽsonne ton nom ton nom est partout ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe et revenant ˆ moi du plus proche comme du plus reculŽ ce nom adorŽ avec toutes ses harmoniques sĠagrge ˆ mon corps et le gonfle dĠune vitalitŽ que je lui connaissais pas dĠune vitalitŽ inconnue mon corps sĠŽchappe

 

Le fil se tend

 

Je saute je cours je bondis je tourne sur moi je danse ˆ ton nom rŽpŽtŽ ˆ lĠinfini ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe

 

Le fil se tend et tire sur ma cheville

 

ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe le fil sĠest raidi et ma danse reste en suspens

 

ï la plus pure es-tu allŽe si loin dans le labyrinthe que la pelote sĠest entirement dŽvidŽe

 

JĠai dit ton nom avec une telle allŽgresse jĠai tant tournŽ sur moi-mme jĠai fait tant de tours que le fil sĠest nouŽ autour de moi et que ma danse sĠinterrompt avant dĠtre finie

 

Tu as nouŽ le fil de tant de tours

 

ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe jĠai tenu la pelote mais jĠai laissŽ mon corps se livrer aux gestes les plus spontanŽs aux mouvements les plus dŽsordonnŽs de ma danse et voici que je me suis entortillŽe avec le fil et que je suis ˆ terre

 

De tant de nÏuds

 

Je ne peux pas bouger ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe hŽlas tu ne rŽponds pas les murs se sont tus me laisseras-tu pleurant en vain criant en vain quĠon me secoure

 

Je ne peux dŽfaire les nÏuds

 

In van piangendo

 

Je ne peux dŽfaire les tours

 

In van gridando

 

Je tĠai jurŽ ma foi Ariagne ™ mon Ariagne

 

ThŽsŽe ™ mon ThŽsŽe jĠentends jĠentends quelque chose est-ce toi

 

Nuit aprs nuit sans craindre la solitude ni la douleur je suis entrŽ dans le labyrinthe

 

JĠentends un souffle qui ne mĠest pas familier jĠentends ton souffle ™ mon Žpoux je nĠai pas dit ton nom en vain

 

Pendant neuf ans moins une nuit sans que tu mĠencourages ni ne me dŽcourages jĠai dŽcoupŽ mon corps et je tĠai ramenŽ des petits bouts de chair

 

Es-tu essoufflŽ mon Žpoux dĠavoir couru pour secourir ton Ariagne viens viens donc ™ mon Žpoux approche-toi et secours-moi

 

Ah si tu voyais mon corps Ariagne ™ mon Ariagne mon corps dŽcoupŽ elles avaient raison de rire tes compagnes

 

Le souffle se fait de plus en plus fort reprends ton souffle ™ mon Žpoux reprends ton souffle avant de venir ˆ moi maintenant que je sais que tu es lˆ rien ne presse

 

Ces petits carrŽs dŽcoupŽs dans ma chair nĠont pas fait un Minotaure ™ la plus pure tu as patientŽ neuf annŽes moins une nuit tu as patientŽ

 

Neuf annŽes moins une nuit jĠai attendu je peux encore attendre un instant

 

LĠimagination des AthŽniens et des CrŽtois est plus vraie que ma douleur ton rve est plus fort que ma solitude voilˆ ce que jĠai appris voilˆ ce que m‰che ma vieillesse

 

Cette forme qui sĠavance vers moi dans lĠobscuritŽ du labyrinthe cĠest toi ™ mon Žpoux cĠest toi qui viens me libŽrer et me couronner cĠest toi qui viens me couvrir de joyaux et dĠor

 

 

Et toujours jĠai ŽtŽ pris de frayeur et toujours jĠai retenu mon souffle

 

 

Tu tĠavances le bien en chair tu tĠapproches tu te baisses tu te mets ˆ genoux tu te mets ˆ plat ventre tu rampes tu rampes jusquĠˆ mes escarpins tu viens ˆ moi en rampant mais tu ne te laisses pas fasciner par mes escarpins tu ne passes pas ta langue sur le talon ni sur la peau de mon cou-de-pied tu ne prends pas la bride qui enserre ma cheville entres tes dents

 

Et ce soir encore je suis pris de frayeur et ce soir encore je retiens mon souffle

 

Et jurant que tu mĠaimes tu feras jaillir mon sang verace amore

 

 

 

 

 

 

 

 

Nicolas Vatimbella
 

 

 

 

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