Pavillon du Grand Monde


sans figure, la vague procède

sur le ventre bête de sable

forteresse basse - la terre

mais alors que la digue est rompue

je touche une pierre comme un instrument

- archet musical



elles sont féroces – deux corps impalpables

deux nuages moites dont le souffle me réchauffe

elle glissent et s'éloignent en riant

je reste, assis -

une graine du Grand Monde

s'est ouverte

puis refermée


chaleur - m'ensevelit

fontaine de sciure et de suif


rose, une tour

son cercle de pétales sombres

une veine intarissable de la mémoire

s'anime en chacun d'eux

où se peuvent voir

angles, sécantes, bissectrices

éléments, solides premiers,

rapports incommensurables

puis, sur une autre flamme froide :

escaliers à vis, alcôves,

suites de chambres, murs, tapisseries

et, encore :

répertoire de larmes et de deuils

enfants, vieillards,

visages du temps, visages flous

...

sans figure est le caractère

du centre où s 'abouchent

tous ces lieux




j'entre dans cette fièvre absurde

où le corps s'effondre

se replie en un creux

et révèle

la présence insolite de limites


des yeux somnolents s'attardent

aux mouvements lourds de l'eau

j'imite l'écriture

d'une branche cassée dans le cours

vert et jaunâtre


le même air à la fois sévère et nonchalant

d'un arbre mince, du vol dessiné

d'un oiseau, du poignet frais

de femme


le jour se lève

dans la tiédeur de ta bouche


miracle d'oppositions

que résout la solution de ta lèvre


il existe un homme

qui ne peut rien toucher

- elle prenait sa solitude innée

pour de l'insolence, du dédain


l'incendie d'une forêt

aura raison d'un tel mensonge


la pierre parfois résonne

- elle confirme toute musique


le littoral boursouflé

de son champ - lapiès

très odorant

- la rumeur y a des accents


fleuve, maintenant

brise le mur sablonneux

et suit, décidé,

la piste sûre de ce qui n'existe pas

 

 

 

sommaire