Un long chemin, des traverses, des songes
Dans les plaines glaces
JÕavance
Hallucin
Une illusion de porte au loin
Un horizon mtallique
Une lueur orange
Illusions lgendes merveilles
SÕy perdre
TÕy retrouver
Peut-tre
Du givre sur les lvres
LÕeau partout et qui manque
Je trbuche
Des femmes
A demi-nues
Des paniers sur la tte
Ou des amphores
Je crie
Mais elles sÕeffilochent
Disparaissent
Du gris
De la lumire
Je glisse sur un gouffre
Translucide
Je me vois arpentant
Ces contres interminables
Devant
Derrire
Dessous
Au-dessus
Tout est bleu
Non tout est gris
Et tout est blanc
Je suis aveugle
Perplexe
JÕai faim
Froid
Je marche
Encore
Sans rpit
Des pas minuscules
Les muscles engourdis
Le coeur serr
Crissements
Hbtude
Dans mon ventre
Des creux
Des plaies
Battements
Dans mon crne
Des branches
Enchevtres
Floues
Un arbre
Il me nargue
Et sÕclipse
Ne reste rien
Que moi
Et ce monde
Plein, segment
Ce monde qui mÕabsorbe
Ce pays qui sÕloigne
Il me le faut
Et je tombe
Enfin
Je ne touche pas terre
Non
Je tombe
Mais je flotte
Et je deviens
Eau
Sel
Blancheur
Je tournoie
Je flamboie dans les nues
LÕorage clate
Un bruit assourdissant
Que je nÕentends pas
Il rsonne
Dans mes tripes
Dans ma gorge
JÕexplose
Je me disperse
Je suis particule
Vague
Tourment
Echo
Mes larmes
Ruissellent
Giflent le ciel
Je file
Sur des nuages
Mon corps meurtri
Se dbarrasse
DÕossements
De peaux
Mais ne laisse ni traces
Ni douleur
Ni regret
Je suis
Je ne suis plus
Je me souviens
Je ne me souviens plus
LÕentre est proche
SÕefface
Une porte encore
Si troite
L un chemin
A travers les montagnes
Puis un autre
Au milieu des flots
Un nouveau
Parmi la foule
Et tous se drobent
Se rient de moi
Mais invisible
Invisible je deviens
Cette lueur
Je la reconnais
Je ne vois quÕelle
JÕen oublie les clairs
Le tonnerre est pass
JÕai franchi le seuil
Ce pays qui sÕloigne
Je lÕtreins
Il est mien
Je mÕassoupis
Je rve de fleurs
Elles me dvorent
Elles mÕembrassent
Mes yeux
Le souvenir de mes yeux
Je suis le souvenir de ce pays
Celui qui sÕloigne
Et me possde
je frissonne sous le Vent
Enchant
du Repos
un Hamac
une Offrande
Entrer ici
Sans
Trembler
Et je te vois
Frmissante
dans les Ondes
Une
et Glorieuse
Enfin
Runis
Enfuyons-nous
Ce pays qui sÕloigne
Il nous cache
Pour toujours
Jrme Lafargue
l'auteur rpond au travail de Xavier Verhoest |
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