Vali pour une reine morte

 

(extraits)

 

1973

 

 

 

 

 

en ce temps-lˆ la reine en lĠattente des rives

mille oiseaux lumire louaient sa haute histoire

et ne plissait nul spleen austral les neiges vives

en la paille des mers le ciel couvait ses jarres

 

songeuse elle avivait les feux de lycopode

les sonnailles de sable ˆ ses chevilles bleues

et la ruche ancestrale aux bŽhases des dieux

et tout bien de lĠŽpouse au mystique rapsode

 

™ reine et cette baie pour la pure nacelle

ton sein pour ma naissance et le psaume des conques

pour le miel le plus vert tes mains mon colocase

et les huttes encore en le bois solennel

 

soit ta longue patience au fil des millŽnaires

et sĠen vienne lĠŽlu par la houle Žcarlate

lune noire ma peine au loin au loin les voiles

les sistres de lĠerrance et les races nouvelles

 

lors au dŽbouquement des stles du ponant

couleuvrines tonnant au vent dĠapocalypse

patemar malŽvole et mer processionnaire

ohŽ sus ˆ lĠophir qui florine ˆ tribord

 

lors fut grande ombre chue sur les troques fragiles

et mirage trahi au trouble des marines

et mon ‰me pleurant aux cimes de lĠexil

rahariane et les dodos de morgabine

 


 

et toi seule es la reine immuable et sans ‰ge


pour qui actualiser

                        la parole sauvage

le feu blanc des dodos

 

                                    le sud

                                                le sud

                                                            le sud


la danse de tes mains lune de matarum

disait ™ rahariane aux sources leur mŽmoire

les indes dĠoutre morne au regret des tagnes

aux oiseaux dŽsunis les rites de lĠamour

et ta langue insufflait inlassable phosphore

aux salazes du ciel la croix la plus sauvage

aux mares et aux mers le cÏur le plus saignant

telle tu effeuillais toute flamme invisible

la loi la plus ancienne ˆ la race nouvelle

au vali de lĠoubli la lŽgende des cimes

 

et va lĠinconsolŽ vieilli du spleen des ”les

pleurer le sicle fauve et lĠoffice des fŽes

le marla consumŽ dĠun rve de corail


il est temps de rena”tre aux ”les de salut

magicienne contant la nuditŽ des grves

sans poussire ˆ tes pieds ni stigmates des sicles

sirne sans miroir ni dŽsir ni mŽmoire

il est temps dĠarrter la ronde de tes rves

 

que le vent dŽcime la plage de mystre

o se dŽcompose le sigle du guerrier

bucrane enseveli au sexe des mŽduses

et palimpseste o rien du vieil atlas nĠest plus

au loin de toi voici poindre la cime omise

 

il ne mĠa pas transi le nimbe de tes lunes

et ce multipliant dĠanŽmone ˆ mes rives

le mirage de tes hautes mŽtamorphoses

le miracle des cloches noires et des roses

et le miel en lĠarum o mes lvres ont bu

 

et plus ne dormirai en ta barque dĠoubli

diaphane vaguant en ton ŽternitŽ

mais rendu au pays du soleil et des pluies

ˆ lĠajoupa misre entre les bilimbis

invisible oukoulou de lĠŽtŽ bengali


et je salue

phase du milicien complice de la pierre

dimitile samson sarlave matoutŽ

dianamoise fanga diampare desmalŽ

car le coq a chantŽ au cirque libŽrŽ

laverdure maham sankoutou quinola

saramane fiague erico manonga

et lĠaube dŽgainŽ ses flambeaux et cannas

faonce pyrame jale cote fatie

bale latoine sicille latouve landy

et ma peine et ma joie ma longue nostalgie

sarcemate fanor sylvestre simitave

sambe manzague anchain mafate sara vave

une sylve mauvaise a bržlŽ sous la lave

 

et je salue la reine aux noms inaccomplis

simanandŽ soya simangavole

 

”le

lĠeau glacŽ qui sĠŽtrangle aux flžtes du matin

la rŽvle ma croix la feuille de tes mains

 

”le

rahariane

”le

            ma russie noire

je tombe

la mŽmoire bržlŽe du lait de tes euphorbes


 

 

 

 

 

 

 

 

Jets dĠaile – Vent des origines

 

2005

        

 

 

 

 

ET TU MONTAIS DANS DES CRIS DE LUMIéRE

 

                                                                                 ˆ Patrick Quillier

 

DĠautres rŽcits battent des ailes – ivres de mŽtissages

 

dĠautres flancs pour lĠaviso – croix

 

et lĠarche des grands biens retrouve son air de

 

saintetŽÉ lĠalphabet du futurÉ les phaetons dans le

 

fil de la paixÉ

 

Pleine c™te aux entrailles de lĠabsente !

 

des bancs dĠŽmeraude floconnent

 

une Žtoile sĠajoute aux ricochets.

 

les crtes de coqs font demi-tour sur leurs rails

 

stop ! ne remontent plus les barques prcheuses

 

en prŽcession de la norme et de lĠŽcliptique.

 

et hop ! vagants aux voix brisŽes – de rive en rive – ne

 

goliardent plus parmi les bardesÉ


Plus de nids divertissants balayŽs de cyclones pour corcer tes escapades ?

         Le vent te fouette de la pensŽe dĠun Žveil – une terre jonchŽe dĠun tas de       Ç projouets È

 

une cachette dans les nŽgatifs des ŽlŽments par trop tŽmŽraires

 

en aval la tronche remontŽe de la croquemitaine

– a braque –

 

fait encore tic tac

 

des feux de bricks suintent de divines fissures

 

 

le coq mourez fagots secoue lĠŽternitŽ


la clŽ tourne au lingot

 

au sourire au rivage

 

aucune flamme ne sĠendeuille

 

un merle dŽclenche au fond des sources

 

rafale sur rafale

 

de ton nid de feuilles de montagne

 

tu peux voir toute lĠeau de la mer


Au temple des pensŽes jumelles – bonjour tendres avoirs !

Aux bambous Žtoile ˆ la Fentre !

Le coq Žbrche son broc sur le site des masques

et des idol‰tres empilements dans ton regardÉ

Rire de trois atouts parmi les eaux clochettes

Place ˆ de pacifiques ajouts

 

cris auxquels on se frotte

les dieux enjambent les oiseaux de la plus brve effusion

 

Invisibles paradisÉ

FlammesÉ chance des yeux closÉ

 

avant que tout ne finisse en poudre de vent

dernier rve narrŽ du hŽrisson

 

et que Dieu ne recommence

babel de pŽtales

”le grandeur nature


Sois autre encore et toujours ! Et dans lĠordre-lˆ de cette nuit branches quĠon dŽploie        de lĠonction extrmeÉ hidalgoÉ dogonÉ bouddha en dix terres dont le       regard crve le crabe dans son bolÉ collyvades du mont AthosÉ roi Domingue avec qui – chez Plutarque – jĠai rendez-vousÉ

Sois autre ! pays du MagouleÉ pays du monte-en-lĠair et du langute-les-autres-peuplesÉ holˆ les demeurŽs ! engeance de nasiques !

 

 

 

 

Sois autre ! enfance aux yeux limpidesÉ crŽdit portŽ au trot des dauphins dans le             ballet finalÉ Marguerite Porte en ses vives bržluresÉ Paris 1er juin 1310É    ou 80 (et toutes les capitales que nous avons grillŽes)

 

 

lĠenfer Žcaille ses assassins


Du pont Mirabeau o – selon Celan – lĠOka ne coule pas – lĠombre dĠun chaland aux       angles bien arrondis passe une main dans son gand – outburst of love pour trois          ŽtoilesÉ

 

 

 

 

Eau-de-fŽe pour Mourungbomba. Rien ne manque ˆ lĠOffice du tourisme. Pas mme        les patries ŽchaudŽes de lĠŽtoile noire. Les mots ˆ rŽcifs attendent les visiteurs !          Les poulpes ludiques hlent lĠinfini. Par ici on galope entre triple et moitiŽ.           Aux vincennes des hippocampes – on double la mise et le tiercŽ.

 

 

 

 

Le chaologue a tuŽ le tout-yeux tout-oreilles. Le dodo maya. Le bouquet inca de    notes longue portŽe. LĠaurore dans les champs – feu tout beau tout doux. Et       Varillon – le logos de lĠincrŽŽe joie-souffrance.

 

Que rgne sur Engadi la paix du raisin noir ! Entre porte et fentre jĠaccroche de nos          contrairesÉ


En pleine mer le port couche son air content

de lĠavoine en sacoche pour les Žtoiles !

Nos petits lendemains courent vers lĠaventure

proposer dĠautres sillons aux carapaces

et aux grands ailes du vent

 

les portes sĠouvrent ˆ tout casser

et Dieu varie ˆ tout bout de champ

 

tabliers rassemblŽs dans leur fracas

les ponts mŽmorisent un peu de ta chaleur

 

tu repasseras par lˆ o je tĠattends

‰me de bon partage avec lĠazur

plein paquet de joyaux ˆ cris perdus

 

No‘l venant et revenant


                                                                                 ˆ Ferroudja

 

 

Il y a toujours dans lĠart de lĠaube – haute norme du coq – un concert ŽcartelŽ. Et

 

plus tu mĠabsorbes – plus la nuit est lˆ dans ses intermittences. Tu danses – tte dans

 

les voiles. Il fait dehors un temps magique de gense et en moi – sans tendres

 

prŽludes ni fins fŽroces – de musique brouillŽe. Pour cacher un chemin. Pour mourir

 

du chant des feuilles.

 

Le passŽ fait le plein dĠun prŽsent sans retouche.

 

Histoire du moindre mal sont les vertes salves. Et quand le feu – sourcier des mines

 

 – ne sera plus que citŽs dĠailes – tu viendras encore dans mon dŽsir – arche des dix

 

mille margelles – tremblante caravane au rythme de tes rires – charade de rves –

 

rose du prophte pour ”les du palais – stridences du regard aux portes de lĠavenir –

 

tas de notes confusesÉ

 

 

mai  2003


en nos chers autrefois

 

tanguez colombes

 

flanchez les crŽpuscules

 

les anges lĠair broutŽ

 

dans la neige en Žmoi


Tes doigts ont pour secret une clŽ de soleil. La mer tenue pour source – les merles

 

ourlent la terre natale.

 

Le surrŽel autre ciel sĠexerce ˆ flot – ˆ montagne blessŽe – ˆ brise cocos. Un Žtrange

 

avenir ouvre le passage aux volires de Wollongong. Et nous vole lĠ‰me – lune des

 

eaux – sacrŽ coup de vie que la mort nous inflige.


La nuit marie ses pleurs ˆ des griots sans noms


Sans relever le dŽfi de nos images intgres –

les carias planchent sur les eaux ŽlysŽennesÉ

 

Actes du sans-dŽcor

                                                                     les morts se fichent des mots

Que soit ˆ leurs petits corps de notes

                                                                     donnŽe la b‰che dĠun fleuve

(from the book of Anna Magdalena)


Le phosphore ŽcrasŽ porte beau son cratre

 

le diable voit son impuissance

 

ˆ mettre ˆ sac tes lieux saints

 

Ç ĉtre ˆ soi-mme son propre pome È

 

pour lĠamour Milton

 

lĠŽnergie douce-amre exŽcute

 

lĠŽclair conu de tes joyaux

 

 

bouillon dĠenclos au lait et ˆ la menthe

 

pont de claviers ˆ lĠŽpouse

 

dans le clan timide de lĠŽtoile


Plus jamais ne seront les esclaves amputŽs de leurs rves. Nous allons vers les

 

polyphonies basaltiques de lĠextrme.


Vacuum-packing coup de cÏur de la crŽation ?

 

des Lusitanies incendient encore nos syllabes.

 

 

Le minŽral se met ˆ plat – avec tes restes de dentelles –

 

lĠinaudible dĠun rve – lĠorpaillage dĠun nidÉ

 

 

Grain de sable – barque de lĠhorizon – plus rien nĠest stupidement cruel. Ë chacun

 

retour au farfar – beau nom de fichiers de tes portables

 

 

On a franchi la porte des larmes. Wave ! Ë quelques rayons verts du chien ŽtoilŽÉ

 

 

X fois le rivage coupe en deux sa courbe. LĠeau de la nuit fait la girouette.

 

 

Ou--ou ! Argos attend encore Ulysse.


JĠaborde le couchant

 

comme un feu foudroyŽ

 

dans son blasphmeÉ

 

lors la vie apaisanteÉ

 

 

La terre – aveugle horizon –

 

boucle son tour de coqs

 

pour toucher au repos des anges

 

il nous en a fallu des falaises

 

des sillages aux ombres

 

ˆ lĠÏil au beurre noir

 

des cyclones absents


Vilenies – temps de lĠab”me en fuite

 

Radeau-songe – bo”te ˆ clous du soleil pour danse dĠoursins.

 

Les gemmes dŽbordent de lĠurne ˆ bulles.

 

LĠŽcume est au matin comme un feu ˆ redire

 

Et les coqs – camps de poudrires ou ludiques amphores –

 

jouxtent leurs pensŽes dans ton regard.

 

Mets inconnus du vent  – ŽvŽnements paysagistes

 

Le temps revient en boucle ˆ jongle chevelure

 

Je tĠai perdue o les cirques sĠincurvent

 

LĠongle des lunes taquine les boiseries.


Des paons dĠarbre se dŽploient cr‰nement

 

ˆ temps ouvert pour le beau mentir des Žtoiles

 

les ”les Crozet

 

                                                                     lĠor dĠAlbuquerque

 

les peuples que lĠon aime

 

                                                            lĠhŽmisphre des anges

 

les co•ncidences du tout ouvert


Sous les dents des carias – grain par grain – cde le hautbois de nos entreprises.

 

 

Les oiseaux vont quand mme au fonds du monde. Ta prŽsence. Trahie par leur

 

accent – les boutriers se portent ˆ ta rencontre et te ramnent en lune de mŽmoire ˆ

 

la baie du pome plantŽ sur ma tombe.

 

 

Le mal en ligne dĠhorizon – la gr‰ce affecte tes ailes au long cours au fleuron de la

 

flotte du roi SŽbastien

 

 

BassinsÉ reflets des bibassesÉ vouve du mondeÉ chant pris ˆ tes mainsÉ


La mer en dernier souffle se perd dans les reflets des moulins.

 

 

LĠŽternitŽ respire par le dos

 

 

Fin de torrent – soleil broyeur dĠinsectesÉ

 

É salamandres courant sur le clavier des plages

 

 

En toi – dŽtroit nacrŽ – limbes et lambes

 

 

le pays de lĠ‰me a trouvŽ

 

en bonne enflure

 

 

ses marŽphones

 

 

en tes sosies de sel

 

 

un grand soir pour les perles

 

 

les villes dŽgradŽes en arches dĠappel


Au centre du temps

 

araignŽe dĠentre deux sicles

 

le monde abdique

 

mots et choses

 

il tĠest donnŽ ™ passagre

 

de venir voir – en attente

 

de moins funestes traversŽes –

 

comment le si peu vu prospre


Avec toi les bijoux ont trouvŽ leur berger.

 

Une sterne Žpingle les armaturesÉ

 

Que faire du silence ? une voix pour lama ?

 

Atomes rappliquŽsÉ le passŽ dŽboulineÉ

 


Je suis debout et seul

 

tu fais semblant dĠouvrir porte et mince faille

 

le mot flou et prŽcis

 

sourire ˆ lĠinfini du ressuscitŽ

 

 

 

 

 

tu demandes o passer la nuit

 

en g”te sous les cyprs ?


Ton zanarchisme – a trouvŽ son miroir de croisire.

 

 

Le roi revient – bouture dĠun champ de cannesÉ

 

 

É amour des rosesÉ

 

 

É pigeons blancsÉ

 

 

 

É le bouton dĠˆ c™tŽ et lĠon dŽrgle toutÉ


Roi du Portugal mon co-errant –

 

le monde des blanches plages

 

ˆ Conflories-les-Makes

 

Žtait trop petit pour ton insomnieÉ

 

une dernire courbe

 

subit lĠemprise des arbres

 

pensŽes Žtranges de lĠailleurs

 

É lĠauto arrive doucement

 

– en caravelle Ç panier magique È –

 

et fait son entrŽe

 

sans heurter la porte du garage.


LĠapostolique araucaria dessine sur lĠeau

 

la pŽnombre fortifiŽe

 

que ta fidŽlitŽ accommode

 

aux ronds de jambe du soleil

 

ële prŽcise – arche des laves –

 

je te sors des frontires du rien dire

 

mais ne suis-je point autre moi-mme ?

 

on passe en fraudeÉ on oublie la radioÉ

 

 

 

 

 

 

Boris Gamaleya

 

sommaire