THEATRUM MUNDI : Lampe-tempte et lanterne magique

 

 

Cls pour une coquille

 

 

 

 

 

 

Depuis le dbut, on se figure lintrieur dune lampe ou dune chambre exigu tel un petit thtre, thtricule ou  thtre de poche . Mais la lumire et lobscurit jouent des tours

Les images projetes sur une plaque de verre, passes la lentille convergente y reparaissent comme inverses. Cest le principe de la  lanterne magique . Etrange recomposition du monde en un rduit obscur.

 

 

 

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Mais imaginons que la lentille, par une sorte de dformation continue, enveloppe toute une sphre (tout lhorizon de nos perceptions) o chaque point  image  un autre point, o tout est image et reflet. Le globe – notre petit thtre dombres et de lumire – est pour ainsi dire satur en lumire, par le blanc ou par le noir.

Imaginons ensuite (dfiant les lois tablies de loptique) que la sphre de nos perceptions et de nos correspondances soit comme translucide, quelle soit une membrane sensible aux images, reflets et ombres du dehors.

Nous dcrivons une conque ou un coquillage qui rendrait un cho par sa forme. La coquille pouvant mettre une voix, Mandelstam en fit un pome,  Rakovina   Je suis jet sur ta rive comme un coquillage sans perle  La tache aveugle au cur du systme complet de correspondances doit toujours nous tenir en alerte. Santos la dit dans Pavillon du grand monde (Lampe-tempte, I) :

 sans figure est le caractre

du centre o sabouchent

tous ces lieux 

 

De telles conjectures vues en imagination sont une invitation irrsistible penser en images, et penser par images, sans compter les vertiges et les raisons prilleuses qui nous laissent devant lhypothse dՐtre soi-mme image, image pour les images que nous croyons percevoir et figurer.

Tout art est conjectural, et la pense de limage (double gnitif) nous y convie. Le probable et lanalogie sont peut-tre les premiers et les derniers critres de toute pense. Lart des correspondances est sans doute le meilleur exemple dart conjectural.

Toutes ces productions effets ; textes, images, sons, etc. sont pour ainsi dire projetes dans une sphre aveugle de possibles arrangements analogiques et de constructions philosophiques en vue dune explicitation des problmes.

On y pratique une archologie qui est une gographie, et on y trace des lignes qui sont les formules dune attente ou dune mmoire de lavenir  lignes de la main  ; image de la pense diagrammatique naturellement rtive tre comprise en un seul sens.

Le monde est ainsi fait quon ne puisse le regarder quen se regardant soi-mme, mais sans ignorer limpossibilit de se voir.

 

 

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