Entre le
versant visible du jeu qui engage le regard du spectateur et le versant intime
du jeu qui rend lĠacteur une image du corps propre, la ralit dĠacte du lieu thtral semble faire
du jeu et de lĠart une exprience partage. Si, dans une acception liminaire,
le jeu est le vertige circulaire dĠune activit qui toujours fuit son terme, sa
fin, lĠart introduit en brisant le cercle du jeu le trait moral dĠune fin, et dĠun programme
dĠactions finies accomplir - mme si lĠessence du jeu sĠy voit conserve sous
la forme de lĠinachvement dans lĠoeuvre et de la dpense dans lĠexercice du
corps. LĠimmdiat
du jeu et lĠutile
dans lĠart - si nous reprenons la terminologie bergsonienne - sont deux
positions dĠexprience impliques dans la sphre dĠune exprience globale
laquelle participent celui qui regarde et celui qui est vu.
Le niveau
immdiat, celui du jeu, nĠest immdiat que relativement, immdiat au sens
bergsonien dĠune immanence dĠun exercice du corps au sujet dĠexprience et dĠune
rgle de conduite cette conduite dans le jeu. Le jeu nĠest que relativement immdiat, en ce sens quĠil
est galement mdiation, mdiation premire du contrat et de la vision polarise.
Le contrat symbolique qui lie lĠacteur et le spectateur dans une circulation de
forces de crance
se traduit dans lĠespace par la polarisation du regard, le passage dĠune
surface un point. La scne est toujours dĠabord un point, et non un espace
vague, indiffrenci. On entre dans cet espace par un point, ou une fissure,
sans quoi la scne ne serait quĠun rideau impntrable. Ce point est ici le
lieu o se tient lĠacteur qui dans le jeu du corps se fait un autre corps qui
incarne des ombres. LĠacteur est appel jouer ; la ponctualit laquelle on lĠassigne
dfinit son unicit (et non son identit), et sa culpabilit (soit : sa dette).
CĠest parce quĠil peut
jouer quĠil doit
jouer. Ce qui sĠannonce comme la Òdlgation dĠun pouvoirÓ apparat comme un
devoir-jouer : ce devenir du jeu se traduit par lĠexpropriation dĠune volont,
dĠun dsir, et dĠun dsir de voir, de la part du spectateur. Saint Anselme
avait dfini le Dmon comme lĠouvrier de lĠexpropriation de la volont divine.
LĠacteur fait rejaillir son pouvoir devenu obligation dans un : je veux donner
voir, je veux montrer et prouver ; je veux tre lĠincarnation dĠun dsir, ce
qui signifie que je veux natre au monde, en lĠespce de la conversion dĠune
parole, dĠun geste en chair, me transformer, en reprsentant cette
transformation possible de ce corps-ci, le mien. Le lien symbolique - qui est, nous lĠavons
vu, un espace dĠinvestiture (du dsir, de la loi...) - nĠest pas uniquement
contract par lĠacteur ; il instaure la rciprocit gomtrique du contrat,
celle de lĠacteur-surface au spectateur-point, rciprocit sans laquelle il nĠy
aurait ni participation, ni identification. Mais cĠest aussi ce lien, ce
contrat symbolique qui doit tenir loigns acteur et spectateur dans lĠespace
de la vision, instituant une grammaire de la visibilit o un noyau prdicatif
articule logiquement le sujet et le prdicat, la substance et lĠaccident, le
sujet du voir et son ÒobjetÓ. Une grammaire de la visibilit commune, de la
perception, engage au niveau mme du sens commun les dispositifs spculaires,
thtraux, que suscitent sur un autre plan de reprsentation les arts du
spectacle. Nous reviendrons sur les deux sens et les deux intensits du
contrat, ainsi que sur la grammaire de la visibilit qui dcide en elle-mme de
lĠart en touffant le jeu.
On ne peut
en raison de la rciprocit gomtrique du contrat se contenter dĠune gomtrie
fige du
regard, dĠune rgulation univoque de tels rapports. Le spectateur doit son
tour sĠincarner : se faire un corps-spectateur dans le thtre en se rendant
la multiformit des lieux et des moments locaux qui compose lĠunivers changeant
de la scne vivante. Le spectateur gnrique, ÒcollectifÓ, tait cette
individualit dilue dans le dsir diffus, collectif, de voir jouer et de confrer
lĠacteur la mission de jouer1. Il est galement ce point
individu, htrogne, que vise la surface multiforme dĠactions et de corps, quĠelle
institue et dcide du dsir. Il sĠagit dĠune certaine dpolarisation du regard
qui tient celui-ci la surface de la reprsentation (et non au ÒpointÓ de la
reprsentation). Elle implique une ncessaire rification du jeu, et une
opacification de lĠespace que des acteurs vouent au thtre, cĠest--dire, pour
une part, ce regard chosifiant du spectateur2. Mais lĠensemble dĠactes se propageant
la surface de la reprsentation est appel se dverser dans lĠoeil du
spectateur ( lĠinvestir
dĠune surabondance de sens), son propre point de vue. Le point de vue nĠest
jamais celui-l, subjectif au sens o gnralement on lĠentend, mais il est la
marque rflchie de lĠindividu spectateur qui contraint le jeu visible la
signification, la mise mort dĠune certaine vie de lĠacteur et du jeu. LĠart
du thtre peut tre envisag ce titre de mdiation comme lĠensemble dĠun
texte lĠoeuvre o les actes et les corps donns dans lĠimmdiat du jeu sont traduits, convertis en noncs scniques
signifiants. Rification du jeu et subjectivation du spectateur livrent la scne
la Òmobilit de lĠoeilÓ, rompant la complicit mimtique premire de lĠacteur
et du spectateur par lĠinstitution du corps propre du spectateur, lĠindpendance
du regard, ses apparentes licences. Du spectateur, on dira quĠil abdique sa
position dĠacteur dans la reprsentation (voire dĠinitiateur de la reprsentation).
Michel de Certeau voqua la lecture silencieuse par laquelle le corps se retire
du texte, pour y cder la Òmobilit de lĠoeilÓ. ÒCe retrait du corps,
condition de son autonomie, est une mise distance du texte. Il est pour le
lecteur son habeas corpusÓ3. LĠÓhabeas corpusÓ du spectateur
est lĠautre versant de lĠinvestiture symbolique du jeu dans le corps de lĠacteur.
Revient au spectateur sa part du jeu thtral. On doit toujours envisager,
parlant du thtre, cette double individuation de lĠacteur et du spectateur. CĠest
le double jeu
de lĠacteur et du spectateur qui instaure le thtre, cĠest--dire le jeu
comme thtre.
Le
spectateur est investi du jeu dans la mesure o il le tient pour reprsentation
incorpore, dans le pli dĠune distance de soi soi. La distinction dĠusage
entre espace scnique et espace thtral - espace du jeu, de la scne, et
espace de lĠexprience thtrale incluant le jeu et celui qui le voit - doit
ici tre rvise : cĠest lĠexprience thtrale globale qui est espace du jeu ;
il se lit comme espace du thtre (logique) ou comme jeu (pathique). Art du thtre
et jeu sont comme les deux intensits du mme contrat symbolique, et le thtre
recouvre le jeu en lui donnant abri, forme, mesure - une mdiation ncessairement
coercitive.
LĠacteur
fait le jeu du spectateur, mais quoi joue le spectateur ? Et que veut dire jouer
voir ? La Òmobilit
de lĠoeilÓ que conquiert le spectateur, la possibilit de parcours multiples,
de vitesses multiples la surface de la reprsentation invite au vertige, ce
vertige du labyrinthe qui dsincarne, fuit la ponctualit, prive le corps de lĠacteur,
et la scne, de leur lieu. On parlera dĠun espace sans inscription. QuĠest-ce quĠun espace livr
au vertige de la combinatoire et du syntagme, mais dont la rigueur des surfaces
est toujours menace ? Ce noyau grammatical de la visibilit joue sur lĠaxe
longitudinal des objets et actants de la reprsentation, et sur lĠaxe
transversal qui relie lĠacteur et le spectateur. Sur lĠaxe longitudinal de la
reprsentation, la rigueur reprsentative est toujours menace par lĠirruption
verticale, paradigmatique, de lĠassociation terratologique, potique, de la vie
des ombres et de la vie des corps, de la veille et du rve. Sur lĠaxe
transversal, les parcours et les vitesses du regard risquent le point dĠarrt : dĠentrer dans un corps, dĠentrer
dans les choses. Car un espace sans inscription est toujours un espace o lĠon
entre dans des corps, o la vie cache dĠun corps sĠexfolie et nous aveugle.
Mme le
vertige de lĠoeil mobile et de la combinatoire sert la mdiation et la
coercition du jeu, interdit la scrutation, la pleine visibilit ou lĠaveuglement.
La prdicativit cognitive, ou le poids judicatif du regard spectateur, cĠest
le poids de la pudeur4. Pudeur est lĠautre nom de la
grammaire. En elle se tiennent la distance et lĠextrme rapprochement, le voile
et la nudit, le sens logique et le sens pathique. L o identification,
mimesis se laissaient entendre en un sens continent, pacifi, on en doit dsormais
retenir le sens ÒpathiqueÓ. On doit penser au principe de la contagion et de la
peste dans le thtre dĠArtaud. Le ÒspectacleÓ est le principe de la contagion
et du rayonnement de la ÒcompntrationÓ - du sacrifice5. LĠacteur, souligne Bataille, veut
mourir ; cĠest de ce point du sacrifice en lequel la souverainet sĠabolit que
rayonne lĠautorit ainsi expie qui en se dilapidant atteint le spectateur (la
foule) pour le livrer la fte (au rve).
Voyons cet
espace scnique dans lequel on entre par lĠacteur-point comme un espace
onirique - ce Òdcor de tragdieÓ du rve - o des figures apparaissent et sĠteignent.
Certaines sont des points, dĠautres des ensembles, ou des surfaces. Du point de
vue de lĠoprativit, le sens intensifi du contrat instaure le spectateur
comme fiction participant dĠune plus vaste fiction. Car ce renversement de la gomtrie
initiale du regard - et du ÒcontratÓ - dnonce galement son propre principe
dĠintensification,
vers lĠopacit dĠun corps double. Est-ce le seul corps rel, ce double, ce
point, ce convive de pierre hte de tous les thtres, ou le seul symbole rel ? LĠombre majeure, solide, de
lĠart du thtre. Le spectateur ne peut se rendre la fiction par une mimesis
faible, logique, inhrente au dispositif dialogique du thtre, mais par une
mimesis forte, pathique, nergtique ; comme fiction de soi, index sui dans lĠconomie gnralise
de lĠillusion, dans un thtre de la pense o le regardeur est lui-mme pense,
une pense possible, simplement possible, dans la multiformit des penses. Au
spectateur de dire : je partage la vture de lĠacteur, la tinctura, double de corps, corps de
fiction emplissant lĠespace de la vision, membrane indiscernable, surface de
projection entre jeu-objet et sujet du voir. Cette ÒrepolarisationÓ du regard
doit tre entendue comme la rencontre de deux regards qui sĠannulent, ou encore
comme un oeil qui se voit lui-mme. CĠest, dirons-nous, le Òcomble de la mise
en scneÓ, ainsi que peut lĠvoquer le mot heureux de la langue allemande Selbstinszenierung - Òmise en scne de soiÓ.
Le recours
pathique, le recours la force interne la reprsentation, cĠest lĠexprience
globale qui en un sens intensifi de participation, dĠidentification, de
mimesis - mais par le dtour dĠune reprsentativit excessive6 -
donne lĠespace intermdiaire entre acteur et spectateur la consistance dĠun
corps, dĠun visage, dĠun corps-sphre des deux parts protagonistes du thtre.
Le choeur antique mettait en jeu cet espace intermdiaire et pourtant intgratif.
Le prosopon
grec attestait dans le masque religieux la part tragique dĠune force de prsentation
dans lĠimage ;
il manifestait le seuil invu de lĠacteur par lequel le spectateur entrait dans
la reprsentation7.
Chez
Bataille, le Commandeur fait irruption (visage-matre, visage-fantme) dans un Òdcor
de tragdieÓ8. Apparition, instance qui, elle aussi, brise le cadre artificiel de la scne
de lĠexprience et de la pense. LĠapparition est aussi une voix, tout comme
les possibles au milieu desquels sĠgare le possible de lĠindividu, dans La
reprise, et
dont Kierkegaard crit : ÒChaque possible de lĠindividu est une ombre qui rend
un son.Ó Telle lĠapparition du fantme du roi mort Hamlet, et dont les
paroles seront lĠaiguillon (conceit) parvenu au centre du corps dĠHamlet par lĠoreille,
paroles qui provoqueront le ressassement des chairs et le bouleversement de la
raison. LĠapparition est dans le cas du Commandeur celle dĠun fantme de
pierre, du poids, de la froideur et de la duret de la pierre. De don Juan et
du Commandeur, Òlequel des deux dploie le plus de forces ?Ó se demanda
Kierkegaard9. Don Juan, rpond Kierkegaard, Òdploie la moiti de sa force pour exprimer la
douleur et lĠautre moiti pour soutenir le Commandeur, et tandis quĠil semble,
au dpens de toutes ses forces, vouloir sĠarracher de la violence du CommandeurÓ.
CĠest encore ce que Bataille veut raliser : soutenir la main de la mort froide
et maintenir le travail du mot, et de la douleur, le perptuel devenir, le perptuel
dplacement du mot, et du sens. LĠespace tragique bataillien est un espace dans
lequel se glisse un sujet pour sĠy ddoubler, mais dans cet espace amorphe, le
sujet rencontre un double dont la dissemblance est terrifiante. Dans cet espace
de lĠexprience, le langage sĠvanouit, toute dsignation de soi (nom propre,
pronom..), toute semblance de rflexion de soi en soi-mme par le langage. Mais
dans le visible, cĠest la chose mme qui se signe par sa prsence.
La mission
du jeu dans lĠart sĠavoue dans la provocation dĠexpriences nouvelles, toutes
orientes vers la transformation du corps : corps-mur pour tout lĠhorizon de la
visibilit, corps-flux pour toutes les actions possibles. Louis Marin a parl dĠun
flux originaire de la reprsentation comme tant la fois Òopacit reprsentativeÓ
et Òtat originaire de la formeÓ10 .
Le flux de
la reprsentation est comme la trs grande vitesse du parcours de la surface scnique,
la trs grande vitesse du regard tranger cette scne. Il est aussi, immanent
au jeu, ce liant nergtique des gestes, des corps et des choses qui rejaillit
la faveur dĠun point.
A la faveur dĠun corps qui est un acte. Le point (ouverture la fois comme
lieu et comme opration) ouvre au flux ( ÒlĠinflux nerveuxÓ des choses).
Quel est ce
mur ambivalent qui tient distance et qui, en tant que danger, menace dĠemmurer
jusquĠaux regards errants du spectateur ? On entre par des points dans la
menace optique ; on entre en scne comme on entre dans un corps - pour lĠacteur
comme pour le spectateur.
Deux
questions se posent dĠune seule voix : quel est ce mur ? et quel est ce flux ?
Cette Òmuraille de peintureÓ dont parlait Balzac dans Le chef-dĠoeuvre
inconnu, ce
mur de gestes et ce mur de larmes ? Le mur de larmes traduit cette ambivalence du
liquide travers de lumire et cependant impntrable, et de lĠaveuglement que
nourrit lĠoeil lui-mme. Il faudrait ici parler dĠun naufrage de la vision
sa source cache.
La varit
dĠespace que nous avons reconnue dans un espace sans inscription, un espace
la fois opaque et unitif, un mur, un flux..., tenant du rve et de lĠaveuglement,
sĠentend encore comme cet espace de la Òdissociation du conscientÓ par laquelle
apparaissent les tats hypnodes associs lĠhystrie. Hystrie et Òtat
hypnodeÓ, en tant que surestimation du contrat, en dnoncent lĠimage pathique,
lĠinconscient pathique de la relation acteur-spectateur. On pensera une nergtique
de lĠhystrie liant simulacre et ralit pathogne, source dĠune irruption
onirode dans le monde de la veille11. Le problme de lĠhystrie est un problme
de reprsentation,
nous suggrent Breuer et Freud12.
LĠhystrique propose dĠtendre le corps, de le transformer, et le
substrat de ces possibles transformations est cette part hypnode, dralisante,
de lĠespace peru et reconstruit. La scrtion des larmes matrialise lĠnergtique
du dsir hystrique; cĠest une nergtique de lĠusure et de lĠabandon. Freud a voqu le Òsich
austobenÓ (sĠabandonner la passion, dcharger sa colre) et le Òsich
ausweinenÓ qui exprime le soulagement et lĠabandon dans le pleur (on notera lĠexpression
allemande Òsich die Augen ausweinenÓ quĠon traduit par Òpleurer en perdre la
vueÓ). Les quatre phases de la pathologie hystrique13 sont
comme la partition du jeu ; cartographie ÒhybristiqueÓ, exaspre, dĠinstances au
travail dans le corps en jeu - corps vu et corps voyant - dans lĠespace total
du thtre vcu.
*
ÒOn
regarde la vaste place ; on voit courir rapidement sur les murs les ombres des
passants ; et tout se change en dcor de thtre. Une ralit de rve point dans lĠarrire-fond de lĠme"14. Les
ombres au fond de lĠme sont les formes fugaces des possibles, se couvrant et
se recouvrant les unes les autres, garant lĠindividu. Exprience esthsique dralisante
qui convie tous les tres dans lĠespace du thtre une participation
fictionnelle, sĠy prouver ombre, pense, signe vivant, sens seulement
possible. CĠest le danger et lĠexprience ample consistant Òjouer voirÓ,
pour le plaisir, ou la satisfaction imprieuse et hallucinatoire de deviner
dans la reprsentation la plus opaque lĠnergie de la transformation, du
flux, du sacrifice
.
Le thtre
est dfini par la dimension de lĠutile, et non de lĠusure, de lĠimmdiat (le jeu y est
toujours au travail ; il faut sa force une Òopacit reprsentativeÓ pour quĠelle
agisse et se laisse ajourer). Peut-tre parce que tout change de regard se
monnaye, et que la petite monnaie de la transaction thtrale est conforme lĠmiettement
de lĠnergie du jeu. LĠnergie du jeu, ou lĠnergie du don, de la perte, qui rgit
les rgimes pathiques de lĠaveuglement, de lĠhypnose, du point et du mur - tous
les rgimes de la spatialit vcue.
O. Capparos
3 M. de Certeau, LĠinvention
du quotidien/ 1. Arts de faire, Gallimard, 1990, p.254. A propos de lĠhabeas corpus, de Certeau note (et cĠest
pour nous une prcision suggestive) : ÒNotion centrale du droit anglais (XVIIe
sicle), elle garantit la libert de lĠindividu et le protge des arrestations
arbitrairesÓ.
5 G. Bataille, Oeuvres compltes,
V, Gallimard,
1973, p.390-391.
6 Ce ÒdtourÓ sĠapparente
celui de la distanciation brechtienne, souvent lĠobjet dĠun si considrable
malentendu. La distanciation procde dĠune reprsentativit excessive, en ce
sens mme o elle sĠexcde ; elle pourrait tre comprise comme une participation sature,
une saturation de la prsence. Cf. B. Brecht, Notice sur les effets de distanciation, in Ecrits sur le thtre,
I, LĠArche,
1972, p.354. ÒLa peinture distancie (Czanne) quand elle exagre la forme
creuse dĠun rcipient. (...) LĠeffet de distanciation classique produit un
niveau plus lev lĠintelligence des choses.Ó Ceci est tout diffrent du simple
recours une instance critique (idologique, politique, sociale...); cĠest cet
loignement dĠune ralit obvie qui doit rendre sensible, donner voir la ralit
initiale (de la psych humaine, des rapports de lĠindividu au collectif, dĠune
forme creuse ou dĠune forme rebondie...). On pensera au ÒdtourÓ de la reprsentation
cinmatographique et son excessive mise au jour travers le dictum de
Jean-Marie Straub : ÒJe fais des documentaires sur lĠinflux nerveuxÓ (in Confrence,
Janvier 1997, FEMIS).
7 Cf. J.-P. Vernant/P.
Vidal-Naquet, Mythe et tragdie, II, La Dcouverte, 1981, p.25 : ÒFigures du
masque en Grce ancienneÓ; et F. Frontisi-Ducroux, Le Dieu-Masque/Une figure
du Dionysos dĠAthnes,
La Dcouverte, 1991.
8 O.C. V, LĠexprience intrieure , p.195.
9 Propos sur le mariage , in Etapes sur le chemin
de la vie ,
Gallimard, 1975, p.121.
14 Kierkegaard, La reprise.