Les deux rêves de la guenon épouillée
La terne roche est sans propriétaire
Assouvis-toi sans crainte
Dérobe à la terre son joyau incolore
Oublie
Et reviens
Et rapporte tes couleurs brillantes
Tu feras de ce lieu
Une limite de la nature
Dans la cale bleu sombre de mon esprit
Tout le monde fut bientôt horrifié
Sous la paix métaphysique fourmillent
Cancrelats affamés,
Fauves humains
Aveugles
Et affamés
Lorsque le Pavillon eut recueilli
Toutes les voix de ce monde
La coquille se referma
Et trembla, prête à craquer
De tout ce vacarme contenu
On ne percevait alors
Que le martèlement d’une question
Portée par le filet sourd
D’une seule voix faite de mille
…
Où suis-je ?
Où suis-je ?
Ouïe fine du néant
On écoute et on parle
Comme au fond des puits
En venir à force
A ces formes mères
A force de laver, peigner
Epouiller la guenon hirsute
(tristesse sale
des amoureux de la tristesse)
Ouïe fine en plein jour
Préfère une joie
Incroyablement nette
Préfère remonter du puits l’intouché
Comme on parle à l’Est
Et à l’Ouest
Debout sur un méridien secret
Où souffle le vent ?
Où roule
La pierre fracturée ?
Tais-toi, au Nord
Ferme les yeux
Au Sud
Que la guerre et la danse
Ouvrent le monde
Il y a 2500 ans
Tang, le septième disciple de Confucius
Demanda au maître :
« Où se loge la stupidité ? »
Plus tard, le maître lui répondit
Lui offrant un miroir de poche
« Voilà où se loge la stupidité », dit le maître à son disciple
Regarde bien
Deux rêves :
Voir miroiter sa propre stupidité,
Ou traverser du regard les miroirs fallacieux