Les deux rêves de la guenon épouillée

 

 

 

La terne roche est sans propriétaire

Assouvis-toi sans crainte

Dérobe à la terre son joyau incolore

 

Oublie

Et reviens

Et rapporte tes couleurs brillantes

Tu feras de ce lieu

Une limite de la nature

 

 

Dans la cale bleu sombre de mon esprit

Tout le monde fut bientôt horrifié

Sous la paix métaphysique fourmillent

Cancrelats affamés,

Fauves humains

Aveugles

Et affamés

 

Lorsque le Pavillon eut recueilli

Toutes les voix de ce monde

La coquille se referma

Et trembla, prête à craquer

 

De tout ce vacarme contenu

On ne percevait alors

Que le martèlement d’une question

Portée par le filet sourd

D’une seule voix faite de mille

Où suis-je ?

Où suis-je ?

 

Ouïe fine du néant

On écoute et on parle

Comme au fond des puits

 

En venir à force

A ces formes mères

A force de laver, peigner

Epouiller la guenon hirsute

(tristesse sale

des amoureux de la tristesse)

 

Ouïe fine en plein jour

Préfère une joie

Incroyablement nette

Préfère remonter du puits l’intouché

 

Comme on parle à l’Est

Et à l’Ouest

Debout sur un méridien secret

Où souffle le vent ?

Où roule

La pierre fracturée ?

Tais-toi, au Nord

Ferme les yeux

Au Sud

Que la guerre et la danse

Ouvrent le monde

 

 

Il y a 2500 ans

Tang, le septième disciple de Confucius

Demanda au maître :

« Où se loge la stupidité ? »

 

Plus tard, le maître lui répondit

Lui offrant un miroir de poche

« Voilà où se loge la stupidité », dit le maître à son disciple

Regarde bien

 

Deux rêves :

Voir miroiter sa propre stupidité,

Ou traverser du regard les miroirs fallacieux

 

 

L'auteur répond à Vanessa Z. Briggs.

 

 

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