9 POÈMES D’OMBRES

 


1.

 

Une nuit, je rêvais, je mourais

Je rêvais que je mourais

(une nuit comme une autre)

Et ta présence

S’est effacée dans le mouvement des branches


Une nuit, je rêvais, je marchais

À ta recherche


Les saisons

Forment une boule

D’où se déverse

Mon ignorance.



2.

 

Quelqu’un :

Deux femmes

(deux oiseaux noirs)


Quelqu’un, divisé, s’approche


Quelqu’un qui sait


Une phrase, dès lors, se dépose

Et flambe en silence

Une phrase à peine prononcée

Lourde

Comme une pierre.


3.

 

Une ombre, c’est vrai

(dans la vitesse, derrière les arbres

De branches en branches…)


Une ombre habitée


Et qui chante !

Et qui siffle !



4.

 

Le pêcheur, accompagné d’un nuage d’insectes

(des fleurs vivantes)

Décide, à l’aube, d’entrer dans l’eau jusqu’à mi-corps


La rivière, luisante

Porte en surface quelques débris de l’orage en amont.



5.

 

Dans la montagne

Deux oiseaux noirs dansent

Avec le vent.



6.

Ces arbres, plus haut que la forêt

Déversent une poussière si fine

Que le soleil se voile


Ceux qui marchent, ceux qui vivent ici :

Des êtres blancs, silencieux


Un rêve où l’Invité chante des mots morts.



7.

L’orage, plus rapide que notre marche

Nous dépasse et disparaît

Dans le noir des collines


Nous avions cherché un refuge - en vain -

Le sol reste sec


Nous pensions profiter des éclairs

Mais le ciel ne nous laissa que ces ombres pâles

Au-delà des crêtes.



8.

Une musique de bruits crépitants;

Un feu

Déposé sur la tête

D’un animal rare.



9.

 

En m’approchant de la lumière

Un couple de visages s’échappe, tournoie

Profite du vent

Pour rejoindre les hauteurs


La pensée - un pollen - se divise

Et retombe


La pensée : mille visages



La pensée bouge, se rassemble en un unique portrait

De nouveau se divise

Puis disparaît.


 

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