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TÊTES
1. Une étoile gît à l’intérieur de mon crâne
Nous vivons dans un monde rond
Mortel, je suis né mortel. |
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2.
L’animal des sables - un morceau de cendre désirant s’échapper - creuse sa galerie puis disparaît
Le vent pique la peau efface toutes traces. |
3.
Je m’assieds face à la mer
Pour chaque vague - - le repos d’une battue
Les effluves gonflent ma vie comme à l’annonce d’un départ. |
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4. En mer gelée
Désormais blessée, avec pour seule présence la mémoire de ce souffle sur ma nuque
Je m’allonge et pleure de n’avoir pris le temps pour moi ….d’amour et d’orgueil ma bouche reste seule, sans tête
autrefois je possédais un corps
…une chance, peut-être, pour raviver les fouilles
De l’or, de la pierre et du verre ce moment précieux où tout se cabre pour venir à moi vive pleine de tout ce qui m’entoure mais désormais blessée. |
5.
Chanson
Du ciel, ta présence plus qu’un fleuve, une tempête - - et l’esprit du large pailleté comme une soie animale
Du ciel, de cet horizon épars
Une saison entière, rien que pour toi
Le souffle bleuté d’un pays aride
Tes chants résonnent avec qui je fus aujourd’hui même hier à peine encore demain dans la lumière de ma mort. |
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6.
Une chute
Le ciel relié à la mer se courbe jusqu’à nos pieds
Nous pensions être seuls au bout du monde mais lorsque les nuages se relevèrent nous vîmes une ligne, à l’horizon déployée d’est en ouest
Pour toujours la lumière tombe
Le tourbillon qui nous vit naître bientôt nous accueillera. |
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7. Une saison
Neuf rapaces griffent le ciel nuageux s’approchent, lentement puis filent vers le nord
Ils empruntent le chemin des hauteurs
Le soleil se couche
Le vent masque le chant des insectes
L’automne est là Dans la fraîcheur. |
8. Une tête
Des masses blanches et bleues
De la pierre malaxée
La façade, trop verticale, au risque de s’effondrer
Plus aucune végétation ici seulement de la rocaille et de la glace chantante l’abstrait des calcaires et ces arches neigeuses, coupantes
Le désert de haute altitude.
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9. Cube
Dans cet espace le poids relatif à la taille des éléments masque toutes valeurs
De la même façon une perspective impossible divise en deux notre regard sur l’horizon instable d’un globe que nous croyions plat
Nous vivons ainsi enveloppés dans ce faisceau d’illusions mangeons de la terre, buvons de l’air jouissons d’autres corps nés, eux aussi, de cette même terre
Des cristaux pleuvent dans notre bouche. |
10. Triangle
L’encre, tarie, cherche à survivre à la sécheresse - - notre alliée minuscule
Le poids d’un autre âge se donne ou ne se donne pas
Quelle misère pour ceux qui crurent harponner, à profit, l’exigence de s’exprimer !
De notre tête brûlée un vide s’élance. |
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11.
Rond
Je prends mon stylo pour un couteau
Je vieillirai ainsi
Une pluie tombe en un scintillement minéral
Est-ce froid ?
Est-ce chaud ?
L’œuvre est un rond
avec
en son centre
une tempête
Je prends mon stylo pour un couteau
perçe ainsi le mystère
pour un autre mystère.
Lionel Marchetti avait d'abord répondu à Mausolée 1, et Olivier Capparos a choisi de compléter ces poèmes par 11 nouvelles têtes, moins une.